Passer de Bali à Tokyo,
une transition pas des plus banales. Le Japon était une étape
incontournable de mon voyage. Je me devais de retourner dans ce pays
si particulier et captivant. Un pays très codé où l'individu passe
après le groupe. Un archipel proposant une richesse d'ingéniosité
et de créativité mais aussi de nombreux travers. C'est donc avec
joie que me voilà de retour au pays à la culture singulière mais
au lexique un brin familier: manga,
karaoké, sumo, sushi, otaku, tori, yakusa, ramen, kimono, tatami,
bento, miso, shinkansen, samouraï, kamikaze, mikado, onsen, ryokan,
konbini, hara kiri, wasabi, kenji, geisha, ninja, haïku, origami,
judo, tsunami, yakusa, sake...
Je
suis donc de retour dans la capitale nippone, huit ans après
l'avoir quitté. Je consacrerai la première semaine de mon mois
japonais à la parcourir à nouveau. Ville très étendue et très
dynamique, elle s'organise autour de multiples quartiers qui révèlent
autant de facettes différentes. Les très animés Shibuya et
Shinjuku où la vie
grouille de jour comme de nuit; Akihabara,
le paradis du jeux vidéo et de l’électronique ; Asakusa
et son temple sacré ;
Ueno, son parc, son
zoo, son lac et ses nénuphars ; Ginza et
Harajuku et leurs
boutiques chics ; Yanaka,
son cimetière et ses temples cachés au cœur d'un dédale de
petites rues, Chiyoda et
son palais impérial ;
Roppongi et ses boites
de nuits ; Shimo kitazawa
et son ambiance décontracté... Bref, tout pour pouvoir changer
d'ambiance à chaque sortie de bouche de métro.
Cette
semaine c'est la golden week
au Japon. Quatre jours fériés repartis sur six jours. L'ambiance en
ville doit être plus détendue qu'à l'accoutumé. C'est ce que je
constate en parcourant les allées peuplées du parc Gyoen. Après
cette première après midi de mise en jambes, je rejoints Benjamin
pour la soirée. Nous étions au lycée ensemble et cela fait
maintenant treize ans qu'il s'est installé ici. A côté de son quotidien professionel, il s'exerce plutôt bien à la musique
avec son groupe DieByForty. Avoir la chance de pouvoir découvrir
la ville via le regard expert d'un local est quelque chose de plus
qu'appréciable. Là où le touriste doit se contenter d'une ville
horizontale, j'ai la chance de pouvoir découvrir un Tokyo vertical
que ce soit au travers d'un restaurant de yakitoris au troisième
étage d'un building ou d'un bar d'amateurs de baseball dans un
sous-sol. La ville regorge ainsi de lieux de vie cachés que
malheureusement la méconnaissance de la langue japonaise nous
empêche de pouvoir découvrir.
Durant
mes premiers jours je redécouvrirai avec plaisirs certains endroit
si particulier. Bien sur Shibuya et son célèbre passage piétons
mais aussi le temple meiji-jingu perdu dans la forêt de Yoyogi. Une
ambiance mystique qui tranche avec l’effervescence autour du
senso-ji l'autre temple sacré de Tokyo. Ici la foule se presse en
masse pour venir se recueillir et se prendre en photo en kimono dans
ce décor de carte postale. Je m'éclipse de la foule et regagne deux
rues plus loin les bords de la Sumida, la rivière qui traverse la
ville. De là je profite de la vue sur la Skytree tower, tour de
radiodiffusion qui culmine à 634 mètres de haut (deux fois la
Tour Eiffel).
Tokyo
est une ville agitée, Mais il est aisé de retrouver le calme d'une
temple shinto ou bouddhiste à la faveur de petites ruelles. Yanaka,
un vieux quartier traditionnel, en l'illustration parfaite, on va
d'un édifice religieux à l'autre en passant au travers de la
quiétude de cimetières arborés et de vieilles battisses aux airs
d'antan. La rue commerçante du cœur du quartier est gentiment agitée
et les différentes tentations culinaires attisent les papilles. Mais
à deux pas de là on passe facilement du sacré au profane. Du yin au
yang. Akihabara, le temple du jeux vidéo est un vacarme sonore
permanent entre ces salles de jeux d'acades, les salons de pachinko
(croisement entre le flipper et la machine à sou) et les
machines à pince où les japonais font des efforts d'habileté pour
décrocher d'immense peluches. Akihabara c'est la régression
assurée, la nostalgie qui fait surface à mesure qu'on découvre les
trésors qui se cachent dans les étages de ses buildings colorés
entres ces figurines de mangas et d'animes où toutes ces vieilles
consoles de jeux sauvées de la poussière. Cette ambiance de fête
foraine urbaine se retrouve vers le Tokyo Dome. Juste à coté on
observe, au dessus de nos têtes un rollercoaster se frayer un chemin
entre les immeubles. Je ne sais pas ce qui me surprend le plus,
entendre les lointains cris des passagers de ce véhicule filant à
vive allure sur ces montagnes russes ou observer l'interminable file
d'attente de cinq ou six heures se formant autour de la salle de
spectacle pour je ne sais trop quel événement.
Plutôt
que de retourner à Ginza ou Tsukiji (et son marché aux
poissons), je mets cap à l'est pour découvrir un nouveau
quartier, Shimo Kitazawa. Dans les rues autour de la gare aérienne,
on découvre encore une autre ambiance, décontracté celle-ci. Ni
bohème, ni hipster, juste cool. Peu de voiture dans ces petites
ruelles où les japonais font la queue devant certaines boutiques
prisés. On trouve beaucoup de fringues mais aussi des fleurs, des
produits artisanaux, des cafés pour se détendre. Après le tumulte
de certains quartiers et le côté cérémonial d'autres ça fait
plaisir de découvrir encore une autre atmosphère loin du sacré et
du profane.
Mais
au delà de ces visites diurnes, Benjamin et ses amis sauront me
faire connaître un peu mieux les gens qui animent cette ville lors
de sympathiques virées nocturnes entre resto branché, izakaya ou
autre bar secret. Le dimanche, dernier jour de ma semaine tokyoïte,
nous prenons pas moins de trois trains pour rejoindre un parc perdu dans le sud de
la ville. Nous partons pour un grand barbecue collectif. Malgré la
barrière de la langue (l'anglais est rare), les échanges
sont cool. Une bière à la main, on essaie de communiquer autour de
la fumée en attendant que la viande cuise. Culinairement c'est très
bon mais je ne pourrais pas en dire autant de la gelé de Téquila
qui m'a été proposé. Et oui ça peut être aussi ça le Japon.
Après une
dernière soirée houblonnée, il est temps pour moi de mettre le cap
vers l'autre grande ville du pays, Kyoto. Là aussi il s'agira de
retrouvailles.
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