vendredi 25 août 2017

By the Rocky Mountains

Il est temps de prendre la route pour Jasper et de commencer le retour de ma boucle. A l'aller j'avais emprunté la transcanadienne, l'autoroute qui traverse le pays d'est en ouest. Au nord de celle-ci le trafic est moins dense. Je fais la route parmi quelques pick-ups et camions transportant des troncs d'arbres. La route longe la voie ferrée. Ainsi, parfois, j'accompagne un train de marchandise chargé de ses containers (les mêmes que j'ai eu sous les yeux pendant quinze jours). Les wagons défilent, le train semble infini. Il file entre les sapins tel un serpent multicolore.

lac peyto

Jasper ressemble à s'en méprendre à sa voisine du sud, Banff. Même noyau villageois de chalets en pierre et bois regroupés autour d'une charmant centre commerçant, et les montagnes qui bordent l'ensemble. La canyon Maligne, les lacs Annette, Edith et Patricia, la rivière Muette. A proximité on trouve de très jolies endroits. Avec l'expérience, je sais dans quel sens et à quelle heure prendre les chemins pour profiter égoïstement de cette nature. Où que l'on marche, on se trouve toujours à proximité d'un ruisseau ou d'une rivière. Le glissement de l'eau apaise les oreilles, et lentement polit les galets et l'esprit.



L'avantage quand on a une grosse voiture c'est qu'on peut prendre des auto-stoppeurs. J'ai ainsi conduis deux tchèques (une frère et une sœur) au point de départ de leur randonnée de deux jours. L'occasion d'évoquer mes voyages antérieurs dans leurs pays et d'échanger notamment sur Žižkov (quartier populaire de Prague) et Blansko. A leur demande, je leur expliquais également que nous ne parlions pas le même français que les québecois. Ou que du moins nous n'avions pas exactement les mêmes expressions ni le même accent. Après avoir récupéré quelques tuyaux sur Vancouver, je les ai laissés, chargés comme des mules au pied de leur périple. Mes excursions, elles, sont plus proches des promenades du dimanche. Jasper aura été moins avare en présence animale que mes autres points de chutes. Outre, les dynamiques et peu farouches écureuils, j'ai eu la chance de croiser un wapiti, quelques biches et une mère élan prenant un bain avec sa progéniture. Seul l'ours ne semble pas vouloir daigner sortir de sa tanière.

wapiti canada



Sur mon circuit, j'ai gardé le meilleur pour la fin : la route des glaciers qui relie Jasper à Banff. Trois cent bornes en pleine nature à se faufiler entre les cimes canadiennes. Loin des lieux habités, l'eau ruisselle des glaciers. Les débits prennent de l'envergure. L'eau vire au blanc tumultueux. Ces cascades et rapides cours d'eau irriguent cette terre sauvage et pure. C'en est la vie. Au détour d'une cascade je suis tombé sur un texte anonyme qui résume bien l'idée. « LE BRUIT ET L'ECUME. Ici s'affrontent, dans le bruit et l'écume, les violentes eaux rugissantes et la terre tremblante. Les échos assourdissants de cette bataille sans fin étourdissent nos sens. »
A mi chemin, je me suis approché d'une des origines de ce tumulte : la fonte du glacier Althabasca. Ici, en hauteur, l'eau ruisselle gentiment. Mais plus bas, le filet d'eau devient torrent. Et enfin, de l'autre côté du versant, l'eau se fige à nouveau en une multitudes de lacs aux couleurs somptueuses.





J'ai conclus ma journée par les deux lacs présentés comme les plus emblématiques des rocheuses canadiennes : le lac Louise et le lac Moraine. Qui dit renommée dit foule. La route menant à ces deux joyaux prend parfois des allures d’arrivée d'une étape de montagne d'une course cycliste avec les voitures rangées sur les bas cotés (il y a d'ailleurs quelques courageux qui tentent de rallier les lacs à coup de pédales). Ma préférence se porte sur le lac Moraine et la belle profonde couleur de son bleu au pieds des montagnes enneigées. Le lac Louise n'en demeure pas moins somptueux. Je rajouterais le lac Emerald, que j'ai fait à l'aller, pour former un joli trio assez complémentaire.

lac moraine

lac louise

Aujourd'hui, journée de transition vers ma seconde partie canadienne : Vancouver et sa région. Je retourne à Calgary pour rendre le tank tout en pensant qu'en fin de journée je ferais le chemin inverse en bus. Oui, je vais dérouler le petit millier de bornes en bus. Et de nuit. Douze heures (onze en comptant ma neuvième heure offerte de décalage horaire). Cela me rappellera aux bons souvenirs de mes trajets au Pérou, en Bolivie et en Turquie (avec serveur en nœud papillon à bord) ainsi qu'à ma jeunesse à sillonner les stades de foot. Tout cela me laisse l'après midi à Calgary que je vais finalement pouvoir parcourir. Au cœur des buildings, une large rue piétonne dessert quelques commerces, bars et restaurants et s'achève sur un énorme centre commercial. Pas de grand monument pour cause d'histoire trop récente. La ville plantée au milieu du Canada par excellence. Rien d'extravagant au final.

calgary

calgary


Nous prenons la route en début de soirée. Les sommets enneigées se confondent avec les nuages, puis au crépuscule lentement les montagnes fusionnent avec le ciel. Et à mon tour je bascule dans le sommeil.


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4 commentaires:

  1. Cool comme trajet. Pour juste quelques jours passés dans les rocheuses, t'as pu voir déjà beaucoup d'endroits.

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    1. Yep. Après coup, le détour par Wells Gray était peu être dispensable, ça m'aurait permis de profiter plus de Banff et Jasper.

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  2. Bravo Lionel!!
    Fait nous rêver...

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