Après cette semaine
new-yorkaise, retour au New Jersey pour passer du port à l'aéroport.
Je réalise que c'est le premier vol de mon périple. Toujours
étrange de se dire qu'on est arrivé jusqu'ici qu'au contact de la
terre et de l'eau. A présent direction le Canada et Calgary via une
escale à Ottawa, la capitale du pays, à mi chemin entre Montréal
et Toronto. Niveau de la langue c'est pareil, tout le monde maîtrise
un parfait franglais. L'accueil qui m'a été fait, du débarquement
jusqu'aux douanes en passant par l'immigration, était juste parfait.
On se sent de suite à l'aise et le bienvenu. J'arrive finalement à
Calgary en fin de journée après mon second vol et en ayant gagné
deux heures de plus en décalage horaire.
Dans le bus menant de
l'aéroport au centre, je découvre une ville assez étendue et
pavillonnaire. Au loin on voit se dessiner les buildings du centre
ville. Difficile de se faire une idée sur le niveau d'animation de
l'ensemble. Je n'aurais pas le temps de juger. Je loge dans le campus
universitaire que je rejoins en un coup de métro aérien. Une belle
et grande université composée d'ensembles de bâtiments éparpillés
dans un grand parc, l'image qu'on pourrait se faire d'une université
au Canada. Mais je ne compte pas me sédentariser.
Le lendemain je récupère
ma voiture (modèle XXL) au centre-ville puis mon matos de camping en
cours de route. Paré pour une huitaine de jours de road trip à
travers les rocheuses canadiennes. Premier constat, la taille de ma
voiture est dans la norme (à faire passer une clio pour une
voiture sans permis). Pour autant la vitesse est limité à
100km/h sur autoroute, 60km/h dans les parcs et 30km/h en ville. Ça
tombe bien je ne suis pas pressé, je peux profiter du paysage qui
s'offre à moi tout en me familiarisant avec la boite automatique et
la caméra de recul (des trucs de feignant). Je connecte mon
téléphone à la voiture, au programme la plus belle des bandes
sonores pour ce voyage.
Des forêts, des lacs,
des montagnes. Vert, bleu, gris. La nature canadienne se décline en
une majestueuse monotonie. Par Calgary, Banff est la porte d'entrée
des rocheuses. De l'autoroute, on ne voit pas le village, il est noyé
dans la végétation. Une forêt habitée en somme. Propre et bien
achalandé, Banff est un aimable assemblage de chalets en bois et
pierres, le tout à l'ombre d'immenses pins et sapins. Un axe
commerçant au centre, des rues pavillonnaires en suivant et un vaste
camping sur les hauteurs. Le camp de base idéal pour profiter des
innombrables activités et ballades disponibles.
Je suis au camping donc.
Jusque là l'expérience se résumait pour moi à des vacances en
bord de plage dans un enchevêtrement de tentes habitées par des
hordes de gens bruyants le tout agrémenté d'animations bas de
gamme. Le camping à la Franck Dubosc. C'est également des épisodes
dans des festivals musicaux : du bruit, de la pluie, de la boue,
de la bière et pas beaucoup de sommeil. Une sorte de concours
d'endurance. Mais là, on est entré dans une autre dimension. Au
Canada, camper est un sport national. Les tentes sont gigantesques
(la « 3 secondes » de Décathlon n'a pas droit de
citer). Des assemblages minutieux de cordes, auvents, hamacs. Des
fauteuils de compétitions. Des glacières à faire saliver Marcelo
Bielsa. Du coup, j’essaie de faire bonne figure avec mon réchaud
portatif face à l'armada de barbecues sur pattes.
Parc naturel oblige et
cohabitation avec les ours et autre faune sauvage, les règles de vie
sont strictes : pas de nourriture entreposée en dehors des
voitures, tous les déchets immédiatement jetées dans des
containers hermétiques. Le camping a beau être grand (mille
emplacement environ) je suis en lisière. Après mon emplacement,
c'est la vie sauvage. Heureusement, pour l'instant, les
manifestations animales se résument à des courses d'écureuils
entre les tentes. La journée on tourne autour des 20°, mais la
nuit on frôle le 0°, heureusement je suis bien équipé.
Le parc naturel de Banff
est exceptionnel bien que légèrement encombré en ce mois estival.
Les lacs s'enchaînent, rivalisant de beauté. Une vrai déclinaison
de bleus : turquoise, azur, laiteux... et chacun arborant
fièrement sa couronne de sapins. Les canoës glissent sur l'eau sous
le regard des promeneurs qui arpentent les sous-bois. Sur la route
menant au parc de Wells Gray, le paysage est moins sublime, il n'en
demeure pas moins attrayant. Tout d'un coup, un panache de fumée se
dégage de la colline face à moi. Un feu de forêt, je regarde en
spectateur des hélicoptères tenter de le circonscrire en
transvasant des sortes d'énormes seaux. Plus loin j'observe, ce que
les flammes peuvent laisser derrière elles. Je traverse des champs
de sapins calcinés. Ils se dressent, dénudés et noircis, sur des
collines roussies. La journée s'achève par une étape à Revelstoke
dans un camping plus familial, avec un emplacement sympathique en
bord de lac.
Après avoir traversé
Kamloops, porte Ouest des Rocheuses, le parc Wells Gray se rejoint en
quittant l'axe principal et en empruntant une unique route en cul de
sac d'une soixantaine de kilomètres. Moins de monde qu'aux alentours
de Banff. Le site est moins accessible et de nombreux sentiers de randonnée sont fermés suite au risque de feu de forêt. Pourtant, ici aussi, les atouts ne
manquent pas. Ce sont les cascades qui s'imposent. Notamment, celle
de Helmcken : 141 mètres de chute dans un cratère en
demi-lune. Une explosion d'écume dans des falaises coiffées de
sapins. Un véritable joyau dans un écrin.
Au fur et à mesure que
je déroule la route, je commence à habiter mon voyage. On est
encore sur des sentiers battus, mais je commence à prendre mes
marques. La route est longue, mais elle sera belle.
Ah les Rocheuses canadiennes ! Le plus bel endroit de la Terre :)
RépondreSupprimerPour voir plein d'animaux il faut prendre la Bow Valley Parkway entre Banff et LLouise, de bonne heure (départ 8h au plus tard).
Damien
C'est vers Jasper que j'ai été servi!
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