lundi 25 décembre 2017

Comida y glou glou

Puerto Rio Tranquilo est difficilement accessible. Minuscule village qui ne doit son attrait qu'au tourisme. On vient essentiellement ici pour découvrir une particularité géologique appelée cathédrales de marbre. L'érosion a attaqué la roche et offre de jolies cavités à explorer depuis le lac. Tôt le matin je prends place dans une barque à moteur pour partir à la découverte de ce trésor local. Le soleil est de la partie ce qui enrichira l'expérience. Les jolies couches colorées des plafonds rocheux se reflètent magnifiquement sur le bleu turquoise du lac. Nous resterons un moment à admirer ce spectacle et à nous engouffrer dans le creux de ces parois sculptées. Le vent souffle fort sur cet immense lac. Les quinze minutes de retour seront un moment mémorable également. Le bateau tangue fortement sur ce lac qui commence à sérieusement onduler. l'embarcation frappe fortement les vagues de face. Nous sommes secoués et irrémédiablement trempés de la tête au pieds. C'est bien la peine de passer quinze jours au milieu de l'Atlantique pour vivre son instant marin le plus mouvementé sur un lac en Patagonie.


 


 Après un chocolat chaud de circonstance en compagnie de deux françaises de mon groupe de la veille (l'autre partie ayant pris l'option kayak) nous partons en quête du bus de 11h pour la suite du périple. Problème celui-ci est complet. C'est le dernier de la journée. Les françaises tentent l'option stop, les autres font le tour des agences en quête de minibus. Ne souhaitant pas me stresser, je prends quant à moi l'option restauration. Deux heures plus tard je retrouve la bande au détour d'une rue de ce micro village. Auto-stop infructueux, l'ensemble tente de se caser dans un minibus prévu vers 16h. Coyhaique est à quatre heures de route. Je passe mon tour, je salue tout le monde et vais flâner durant l’après midi. Je tenterai ma chance au premier bus du lendemain vers 9h. Aujourd'hui c'était jour d'élections au Chili, et c'est le soir au restaurant en discutant avec un couple de quinquas français que je vois défiler un bruyant convois de 5-6 voitures. Drapeaux nationaux aux vitres et enchaînements de klaxons, pendant une heure, les partisans du vainqueur du jour font des rondes autour des trois rues du village.


Le lendemain, le petit bus pour Coyhaique ne sera qu'à moitié rempli. Comme quoi... Le paysage sera aussi plaisant que celui offert depuis Chile Chico. Nous longeons le lac encore une petite heure avant de plonger dans la vallée. Sans le côté rustique de la route en terre, on pourrait se croire au cœur des Alpes: montagnes enneigées en fond, terrain légèrement vallonnée, vaches broutant dans une herbe verte et grasse. Coyahique est la grande ville de cette partie chilienne. On raccroche à une petite enclave d'urbanisation. Je suis même surpris à la vue d'un feu tricolore. Je crois bien que c'est le premier que je vois depuis Ushuaïa. Cela dit beaucoup de choses sur la faible population vivant en Patagonie. Je quitte le terminal de bus et me dirige vers le centre. Il y a un peu d'animation. Les chiliens sont en train de finaliser leurs achats de Noël. Je me faufile entre les gens chargés de sacs et les stands d'emballage cadeau. Au détour d'une rue piétonne je tombe sur ma bande de français. Non seulement c'est peu peuplé mais en plus les grands endroits ne le sont pas tant que ça. Ils semblent autant en stress que la veille. En effet, ils m'apprennent qu'il y a eu un éboulis plus au nord. La route australe est bloquée. Le Chili a le charme d'être un pays tout en long mais a donc aussi l'inconvénient d'être dépendant de la seule route qui le traverse dans sa partie sud. Seule option à présent donc, trouver un ferry pour regagner l'île de Chiloé à l'ouest ou directement la ville de Puerto Montt qui se trouve au début de la partie nord du pays. Moi qui hésitais encore sur la suite de mon voyage, le sort a décidé pour moi. Ce sera donc Chiloé.




Je quitte une nouvelle fois le groupe de français. Je pose mon sac dans une auberge et prends un repas dans un restaurant local où passent les infos à la télé (l'éboulement a eu lieu à Santa Lucia et a apparemment fait une douzaine de victimes). Je pars ensuite en quête d'une compagnie de ferry. La population locale a pris la mesure de la situation et s'est mise en branle. Dans l'officine je suis obligé de prendre un ticket comme à la sécu. Et finalement après une assez longue attente j'arrive à dégoter un billet sur un bateau pour le surlendemain. Je serai en revanche obligé de me rendre à Puerto Cisnes à trois d'heures d'ici. Ma traversée doit durer une douzaine d'heures et arriver à Quellon, sur l'île de Chiloé, vers minuit. Ça va être sympa pour trouver un logement à cette heure là. Mais chaque chose en son temps. Le lendemain après avoir fait le rapide tour de la ville je me pose à la bibliothèque en attendant mon bus de fin de journée. Prendre le bus est ma nouvelle routine. Amusé, je regarde les chiliens charger leurs paquets de Noël dans le bus. A partir de Coyhaique la route est goudronnée. Rapidement, on replonge parmi les champs roussis, les forêts à flanc de montagnes, les lopins de terres où voltigent au gré du vent des fleurs violettes, bleues, blanches et oranges. A la faveur des virages on passe et repasse au dessus d'un ruisseau qui serpente en contrebas. Plus loin, la route redevient encaissée, elle sillonne entre le relief arboré en longeant de nombreuses cascades. Je regarde l'eau dégouliner des montagnes. Le ciel se met au diapason, des gouttes viennent perler sur les vitres embuées du bus. Le jour décline, nous approchons du but. C'est sous la pluie que nous débarquons à Puerto Cisnes, modeste village de maisons en bois. La fumée des cheminées se mêle à l'atmosphère humide qui recouvre le village. Avant de me coucher, je dégusterai un saumon local dans un des bouis-bouis en bois. Finalement, face à la forte demande, la compagnie de ferry a augmenté la cadence de ses traversées. Du coup elle a avancé la mienne de 12h à 9h. Le seul problème, c'est que je n'ai pas été prévenu. Donc j'imagine que pendant que je m'offrais une grasse mat', le bateau s'est fait la malle. Le suivant est prévu le soir à 21h. Cela veux dire deux choses. Premièrement, plus besoin de m'inquiéter pour trouver un hôtel à Quellon. Deuxièmement, je vais devoir passer la journée dans ce trou à rat charmant petit village chilien.






A la base, ce qui me plaisait dans la traversée diurne initiale c'était de pouvoir profiter du paysage. Voir le bateau s'infiltrer le long des fjords chiliens. Mais c'est sur qu'en partant à 21h ça compromet le spectacle. Je resterai donc cantonné dans la salle principale où je passerai la nuit sur mon siège inclinable. Un bus de nuit mais sur l'eau en somme. Nous arrivons à Quellon vers 9h. Du pont, j'observe les véhicules s'extraire du ferry et notamment un camion de bétails ? Les vaches doivent bien se demander ce qui vient de se passer. Sous la pluie, je regagne le terminal de bus voisin, comme la grande majorité des autres passagers. Après un embouteillage aux guichets je monte à bord d'un bus pour Castro, la grande ville de l'île, située au centre. Avec l'intention, malgré le temps breton, de m'y poser un peu. Les montagnes ont disparu, je découvre un Chili quasi plat, un Chili insulaire. Castro est agréable avec sa jolie petite église en bois et son enfilade de maisons sur pilotis. Ce sera mon camp de base pour ce petit séjour sur l'île de Chiloé. Les déplacements sont assez faciles, il faut juste avoir du temps et apprendre à passer d'un colectivo à l'autre.


 
 

 

Le premier jour je ferai la visite des petites villages et de leurs églises en bois, nombreuses mais sobres. Entre deux averses, j'observe le charme de la vie locale. Les voitures monter et descendre des différents bacs qui permettent de sauter d'une île à l'autre. Le commerce s'effectuer autour d'un petit marché en bois qui s’organise autour d'un semblant de port. Les chiens courir sur la plage à la poursuite de fugaces mouettes. Le deuxième jour sera consacré à l'exploration du parc naturel à l'ouest. Une belle imitation de ce qu'est notre Bretagne. Au bout du chemin on observe l'océan Pacifique dérouler ses vagues. 


 






Mais au delà du paysage, ce que je retiendrai de Chiloé c'est mon séjour à l'auberge et ses mémorables soirées. Le gérant, Miguel, est un véritable personnage. On n'est pas vraiment dans une auberge, on est chez lui et on est très bien accueilli. Fin cuisinier, il s'affairera derrières ses fourneaux pour offrir au petit comité de résidents une excellente découverte des produits culinaires de l'île (poissons et fruits de mer). Fêtes de fin d'année obligent, il accueille également son cousin et son épouse. Son cousin qui joue pas moins de deux cent quarante instruments nous offrira quelques démonstrations pour accompagner finement ces mets. Miguel ambitionne d'ouvrir un restaurant, en plaisantant je lui propose comida y glou glou, mais l'idée semble avoir fait mouche. Si jamais vous passez par là et voyez un restaurant avec ce nom là, ne cherchez pas plus loin l'origine.



Le lendemain et quatre heures de bus plus loin, en raccrochant au continent, je fait escale à Puerto Varas où je vais passer Noël. Je reste dans l'ambiance puisque l'auberge a décidé d'organiser un petit repas de Noël. Les choses sont bien faites, on a dressé une table pour une vingtaine de convives dans une salle tout juste assez grande. Nous avons un joli panaché de nationalités (sans doublon) pour une très belle soirée d'échange. Un anglais de Sheffield, une allemande expatriée à Vienne, un danois, une polonaise, une finlandaise, un couple andalous, un australien de Perth, un américain d'Austin, une uruguayenne, deux potes chiliens qui traversent le pays à vélo, une brésilienne, un israélien, un argentin de Bariloche. Bref un joli bordel sous un fond de Manu Chao que certains seront surpris d'apprendre la nationalité française. Il sera question de vin, de maté, des différences de la langue espagnole en fonction des régions, de voyage et d'autres sujets tout aussi important. Le lendemain, la grasse matinée est de mise pour tout le monde. Au petit déjeuner on retrouve tout cette petite bande attablée derrière des tasses de cafés et non plus des verres de vins. Une grande famille éphémère. La famille des voyageurs. Le temps est mauvais à l'extérieur, chacun en profite pour joindre ses proches en ce 25 Décembre. Puerto Varas borde un lac et fait face à des volcans. Le mauvais temps ne me permettra pas de vérifier ce dernier point. Dix jours de mauvais temps cela fait trop. Je décide de tracer direct vers Santiago et revoir mon pote le soleil. Une dernière nuit de bus et j'aurai abattu les trois milles bornes séparant Ushuaïa de Santiago.



Cette période de Noël est l'occasion d'un mini-bilan. Après prés de cinq mois sur la route à se confronter à soi-même, je peux dresser un premier retour sur une de mes grandes appréhensions d'avant départ : la solitude. C'est ce qu'en principe tout le monde cherche à fuir. Seul est rapidement assimilé à rejeté, exclu et différent. On a besoin de l'autre pour se rassurer, exister et être reconnu. La solitude c'est aussi la peur de l'ennui. Aujourd'hui on n'ose pas se confronter à soi-même. A l'époque du tout connecté, notre smartphone devient notre meilleur ami. Celui qui ne nous laisse jamais seul. Alors, oser ralentir, oser se poser, oser se questionner, oser s'affranchir de la pensée commune pour trouver sa voie n'est pas chose aisée. Accepter la solitude c'est finalement arrêter de se fuir. Se définir comme unique, apprivoiser cette solitude, c'est donc se découvrir. Une introspection qui nous affranchit d'autrui. En allant au plus profond de soi, on s'affirme, on s'accepte. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est dans cette démarche qu'on s'ouvre réellement aux autres, en les reconnaissant également comme unique. Bien sur, l'homme n'est pas solitaire, c'est un animal grégaire. Pour autant, chacun est différent, et on existe vraiment qu'en se reconnaissant comme tel et non pas en voulant tenter de ressembler à tout prix à l'autre.

Ainsi, bien que seul durant mon voyage je me sens pleinement ouvert au monde qui m'entoure. Pleinement dans l'empathie. Car au final, la solitude rapproche. J'ai autant de plaisir à découvrir les merveilles qui s'offrent à moi que de voir le sourire s'afficher sur le visage des touristes qui m'accompagnent. Alors oui, je mentirai si je disais que je n'ai pas également un sentiment de manque. Mais je sais aussi que dans mon ancienne vie j'avais ce manque de voyage et d'ailleurs. La vie est remplie sans cesse de frustrations et c'est ce qui donne de la valeur à nos choix. Pour être heureux, il faut peut être juste commencer par décider de l'être.

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lundi 18 décembre 2017

Sauvage Argentine


4h du matin, mon réveil me sort de mon lit. Une petite demi heure de marche pour gentiment émerger et observer le lever de soleil sur Ushuaïa (c'est l'été ici, et tout au sud, à cette période, les jours sont très long). Je prends place dans le bus qui doit me conduire à Rio Gallegos, douze heures plus au nord. Les premières heures se font sous le soleil à remonter un paysage de reliefs enneigés, puis le temps vire au gris, on passe la frontière pour faire une excursion de quelques centaines de kilomètres au Chili. Au bout de l'île de la Terre de Feu c'est sous la pluie que nous embarquons dans le ferry nous raccrochant au continent. Je passe l'attente en compagnie d'un chien attiré par mes sandwichs. De l'autre côté, au bout d'une grosse demi heure supplémentaire de route nous repassons en Argentine. Techniquement, ma quatrième entrée sur le territoire. Le douanier se perd un peu dans l'ensemble de mes tampons. L'eau tombe fort à présent et nous atteignons une ville de Rio Gallegos littéralement inondée. Une étape sans grand charme. Dés le lendemain matin je prends un autre bus à destination d'El Calafate au nord mais côté ouest, côté montagne. Le temps est plus clément et me permet de profiter du paysage. Un désert mousseux ressemblant à un tapis verdâtre et terreux balayé par le vent. A allure d'escargot, le bus file dans cette pampa et cet environnement monotone. Rien, pas une habitation entre les deux villes durant les quatre heures de routes. Pour autant les lieux ne sont pas inhabités pour autant, c'est le territoire des guanacos (sorte de lamas) qu'on aperçoit gambader à distance raisonnable.



 Finalement aux abords d'El Calafate, les cimes enneigées se détachent de ce décor vert pale au reflet jauni. El Calafate est la base pour les excursions des alentours. Petit village offrant tout le confort nécessaire à un touriste. Le vent y souffle cependant très fort. Je terminerai la journée en allant explorer le bout de ce village posé au bord du lac Argentino. Une immense étendue d'un bleu turquoise profond directement nourrie par la fonte des glaciers voisins. Je visite la petite réserve naturelle touchant le lac et observe les oiseaux se battre contre le vent. 





Le lendemain, on se rend au plus prés du massif montagneux et de ses glaciers, à quatre vingt kilomètres de là. Je me contenterai du plus accessible et du plus célèbre : le Perito Moreno. Première approche en bateau pour admirer sa face sud, j'observerai l'autre versant à partir de l'ensemble de passerelles lui faisant face. Soixante à soixante dix mètres de haut sur une largeur de plus de cinq cent mètres et une longueur de plus de cinq kilomètres. Plus grand que la ville de Buenos Aires. Un dégueulis de glace à perte de vue. Si un marcheur blanc débarquait je ne serais même pas surpris. La glace figée offre différentes teintes bleutés en fonction des jeux de lumières. Encore un spectacle époustouflant. Régulièrement des craquements se font entendre de la masse blanche et de gros glaçons se détachent et partent vivre leur propre vie dans le lac turquoise.









L'étape suivante du périple sera à El Chalten pour s'adonner à quelques excursions pédestres au plus prés du relief de Patagonie et du mont El Chalten (plus connu sous son nom de « baptême européen » de Fitz Roy). Le temps clair et dégagé permettra d'admirer de face les monts enneigés sur la dernière heure de route. El Chalten est nettement plus petit qu'El Calafate. Il est vrai qu'à part de la randonnée il n'y a pas grand chose à faire dans le coin. Le vent s'est levé, le temps va tourner. Le lendemain, pour avoir une chance de profiter au mieux de ma journée, j'attaque ma randonnée à l'aube, peu après 6h. Au programme vingt kilomètres aller-retour jusqu'au Lagos de Los Tres. Je traverse la rue « principale » du village encore endormie et entame ma randonnée dans un environnement désert. J'arrive vers 8h au lac Capri où je profite d'un joli point de vue sur les monts dégagés et le Fitz Roy mais les nuages se rapprochent. Je poursuis mon chemin dans la jolie ambiance que m'offre la nature patagonne. Trois kilomètres plus loin quand le Fitz Roy réapparaît dans mon champ de vision il est déjà sous les nuages. Le dernier kilomètre est le plus ardu, une ascension sur un ersatz de chemin abrupt offrant pas moins de quatre cent mètres de dénivelé. Le vent tournoie et maintenant la pluie commence à tomber. Les derniers hectomètres sont épiques et offrent des allures de Mont Ventoux. Plus de végétation, des rafales de vents impressionnantes et une pluie fine qui pique le visage. Tant bien que mal j'arrive au lac de montagne. Impossible de deviner le haut du sommet face à moi. L'endroit très inhospitalier me pousse à écourter ma présence et amorcer la redescente avant de finir frigorifié. Durant les trois quarts d'heure de celle-ci j'aurai une petite pensée pour tous les gens que je croise dans l'autre sens. Ils souffrent mais ils n'ont pas encore la moindre idée de ce qu'ils vont affronter en haut. Une fois en bas, le temps redevient clément. Après une pause déjeuner à base d'empenadas, le chemin du retour sera agréable. Le lendemain la pluie touche à son tour le village. Ce sera ambiance pantoufle et chocolat chaud à l'auberge. Et au vue de mon effort de la veille ce n'est peut être pas plus mal. Au chaud, je regarde par la fenêtre le brouillard dévorer l'horizon. Le tenancier chambre gentiment les randonneurs frustrés reclus à l'intérieur : « c'est ça le temps en Patagonie ! Pour le soleil il fallait aller à la plage ! ». Même sur le ton de l'humour, je sens quelques grincements de dents. Mais c'est vrai, cette Argentine sauvage est magnifique. Toutefois il faut accepter les aléas météorologiques et savoir consacrer du temps aux étapes pour apprécier cela à sa juste valeur. 











Mon temps au pays des gauchos est fini. On va poursuivre en Patagonie mais du côté chilien. Classique bus de nuit, douze heures, tarif standard. On laisse El Chalten sous la pluie et on reprend la ruta 40 à travers la pampa argentine. Quand le soleil se lève, nous avons bien abattu les kilomètres mais le panorama reste le même : un désert verdâtre sans relief, sans arbre où gambadent les guanacos. A Perito Moreno (le village), nous bifurquons à gauche ver le Chili. Les montagnes apparaissent au loin et se font la promesse d'une autre ambiance. Le trajet se finira à Los Antiguos (capitale nationale de la cerise!) dernier village avant la frontière. Quinze kilomètres la séparent de sa voisine chilienne Chile Chico. Pas de bus, pas de taxi... J'ai déjà entendu ce refrain. Le stop sera un échec, la suite de l'aventure passera donc par trois heures de marche matinale. Mais je ne serai pas tout seul, en effet tous les occupants du bus sont dans le même cas. Je fais donc « marche commune » avec un groupe de huit étudiants français. Notre collaboration se poursuivra au terminal de bus où nous embarquons dans le même mini-van. Il n'y a d'ailleurs plus de place. Nos sacs sont sur nos genoux. Encore quatre heures de route. L'invention du goudron ne semble pas être parvenu jusqu'à cette partie du Chili. Le trajet sera donc cahoteux et poussiéreux. Mais le parcours est fabuleux sur un chemin escarpé qui s'accroche au relief bordant le somptueux lac de Buenos Aires (le deuxième plus grand d'Amérique du Sud). Les montagnes enneigées en fond complètent un joli tableau marqué par une belle explosion de couleurs florales (à dominante jaune et violette). Fin du parcours à Puerto Rio Tranquilo. Première escale chilienne. Nous sommes dans la région de Rio Ibanez. Un signe.

  


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