Aéroport de Bangkok,
11h, je descends de mon court vol en provenance de Siem Reap. Je
m'engage dans la très cosmopolite et très longue file qui se forme
devant les guichets de l'immigration. Il y a embouteillage dans cet
entonnoir qui sert d'entrée à tout ce secteur d'Asie. Après trois
quart d'heure d'attente je peux rejoindre mon pote Guillaume qui
m'attend à la sortie, fraîchement débarqué de France. Il va
m'accompagner pour cette quinzaine de jours dans le sud de la
Thaïlande. Bangkok est immense. Rapidement les souvenirs de mon
séjour ici il y a cinq ans refont surface. Et même de façon
intrigante. Quand le taxi nous dépose devant notre hôtel, je
reconnais les environs. Plus de doute, je vais loger dans la même
rue que cinq ans auparavant. Curieuse coïncidence. L'environnement
est toujours aussi glauque. Bars remplis d'occidentaux, masculins
essentiellement, la cinquantaine en majorité, une pinte de bière en
face d'eux et de jeunes thaïlandaises à leur côté. La même
ambiance dérangeante. Notre séjour dans la capitale va se limiter à
une journée. Le temps d'aller saluer le célèbre bouddha couché du
Wat Pho et de faire une petite excursion en pirogue à moteur dans
les canaux irriguant la ville. L'occasion de surprendre quelques
clichés de vie quotidienne en navigant entre les habitations de
fortunes posées sur l'eau. L'occasion aussi de faire la connaissance
d'autres habitants, marins ceux là : les varans. Des gros
lézards de deux à trois mètres, a priori inoffensifs pour l'homme,
qui barbotent dans l'eau. En fin de journée, à pieds, nos passerons
de manière assez déconcertante de zones touristiques remplies de
bars, de salons de massages, de vendeurs ambulants et de chauffeurs
de tuktuk à des secteurs résidentiels plus confidentiels. En frange
du brouhaha touristique, on emprunte de minces ruelles et on se
faufile dans ce Bangkok caché. Dans un univers nettement plus
modeste, les gens subissent
la journée, affalés sur une chaise, à l'ombre d'une bâche, collés
à un ventilateur. Ils attendent on ne sait trop quoi. Peut être
juste que le temps passe... Sur les axes routiers en revanche c'est
l'effervescence. Cette folie urbaine ne m'avait pas manquée.
De Bangkok nous traçons
directement au sud, vers les plages et le soleil. Après un trajet de
six heures en bus avec les locaux, nous arrivons dans la ville sans
charme de Chumpon. De là, le lendemain, nous rejoignons Ko Tao, la
première des îles de notre programme. Sur la façade est, trois
îles sont en haut de la liste. Ko Samui (pour la fête), Ko
PhaNgan et Ko Tao donc, la plus petite des trois et sur laquelle
s'est porté notre choix. Il y a du monde dans le speed boat qui
dessert l'île depuis le continent deux fois par jour. Nous
débarquons, nous esquivons l'armée de rabatteurs et cheminons vers
le nord de cette île qui doit faire cinq kilomètres de long sur un
de large. Il y a pas mal d'animation et de touristes mais cela reste
tout à fait supportable. Depuis sept mois, mon périple navigue
entre tourisme et voyage, là il va rimer quelques temps avec
vacances. Une fois les sacs posés et après avoir goûté l'eau
chaude du Golfe de Thaïlande, il est temps de rêvasser et
d'observer le soleil se coucher dans cet horizon marin, à la
terrasse d'un bar, armés de mojitos. Ko Tao a du relief et la petite
ballade du lendemain autour de l'île va se transformer en
expédition. Mais la persévérance nous offrira une plage plus
confidentielle où l'on peut se délasser au milieu de jolis poissons
bariolés. Sur le retour, après avoir vaincu de fortes pentes nous
profiterons d'un joli point de vue en hauteur sur cette petite
enclave de verdure perdue au large des côtes thaïlandaises.
De retour sur le
continent, il nous faut deux heures pour rejoindre l'autre côte du
pays en minibus. Nous prenons ensuite place dans le dernier bateau à
destination de Ko Phayam. Embarcation à taille humaine, une
quinzaine de passagers seulement dont la moitié descendra à Ko
Chang, première île sur la route. En arrivant à Ko Phayam on est
bien loin de la frénésie de Ko Tao. Les deux îles doivent être
assez proche en taille, mais ne présentent pas du tout le même
développement. Nous débarquons sous un soleil déclinant et dans le
plus grand calme. L'île est très verte et feuillue. Pas de
voitures. On se déplace en scooter sur la petite route qui relie
l’embarcadère aux différentes plages. Nous optons pour celle du
nord. Après une assez longue marche lestés de nos sacs, nous
prenons le premier hébergement disponible, un bungalow sommaire à
quelques mètres de la plage. Un coin de paradis en mode Robinson
Crusoé. Pas de wifi, une électricité qui va et qui vient. Après
une nuit calme bercée par le roulement des vagues voisines nous
décidons de monter légèrement en gamme et optons pour le complexe
de bungalows voisin pour la suite du séjour. Tous ces logements
desservent une longue plage où une poignée de chanceux profitent
d'une baignade en toute tranquillité dans une eau matinale déjà
bien chaude. Les plus paresseux roupillent à l'ombre des arbres sur
des transats ou sont affalés dans le sable. On reste quand même à
l'abri du soleil qui crame les épidermes. Finalement les plus
nombreux sur cette plage ce sont les mini crabes blancs qui glissent
à vive allure sur le sable et se réfugient dans des petits trous
pour fuir la violence des tongs qui claque sur le sol. En bordure de
ce décor de rêve on peut s’asseoir dans l'un des petits bars en
bois et profiter d'un rafraîchissement, les pieds dans le sable, en
accompagnant la descente du soleil. Un bar se détache des autres, le
Hippie Bar. Un amas de
planches en forme de coque de bateau qui invite à venir explorer le
fond de sa cale tel un pirate en quête de rhum. Plus loin, sur la
partie plus escarpée on retrouve une forêt tropicale assez dense et
sauvage. En m'aventurant en bordure de celle-ci j'ai croisé une
paire de toucans et une sorte de gros reptile qui venait juste de
manquer de se faire écraser par un scooter. Ko Phayam m'a
beaucoup plu. Son côté brut et paisible. La relative quiétude dans
laquelle baignent aussi bien les touristes que les locaux. Une vrai
parenthèse temporelle.
Nous descendons ensuite
plus au sud, sur Phuket, la plus grande des îles thaïlandaises.
Nous resterons sur la vieille ville loin de Patong et ses lieux de
débauches. Nous rejoignons mon pote Greg que le travail a conduit
ici (tournage d'un documentaire de voyage pour Arte).
Nous dînerons avec une de ses collègues et leur guide pour la
journée, un toulousain expatrié. Ce dernier nous ferra découvrir
un très bon restaurant gastronomique, l’Éléphant Bleu,
somptueusement installé dans
l'ancienne demeure du gouverneur.
Un moyen de fuir nos classiques pad thaï et riz fris. Hormis cette
découverte culinaire, le cœur de Phuket n'offre pas grand chose
pour satisfaire notre appétit culturel. On retrouve bien une
architecture de style colonial inspirée d'une influence
sino-portugaise, mais rien de transcendant. La petite agitation du
marché de rue nocturne offrira toutefois une belle dernière touche.
Les gens se pressent autour des multiples et variés stands de
nourriture. Quelques animations musicales égaient notre traversée
de la rue.
Nous
retrouverons la beauté des plages thaïlandaises du côté de la
province de Krabi. Une journée à musarder au bord de la plage d'Ao
Nang et de sa voisine à Noppharat Thara, moins achalandée mais plus
paisible. Une journée entre baignade, sieste et rafraîchissement à
laisser le temps filer. Le lendemain retour à l'action. Nous
privatisons une barque à moteur et partons en expédition vers les
îles aux large. Ko Poda nous offre sable blanc et eau turquoise. La
Thaïlande des cartes postales. Fin de journée sur Railay Beach.
Beaucoup de monde qui grouille autour des immenses rochers karstiques
plantés dans l'eau. Nous poserons nos serviettes en bout de plage
prés de la grotte sacrée Princess Cave. Particularité
des lieux : les locaux viennent y déposer des phallus en bois
en guise d'offrande afin d'invoquer l'esprit de la grotte et faire
des vœux de fertilité. Entre deux bains, nous observons la foule de
touristes, en slip de bain, venir prendre des poses suggestives
devant les sculptures évocatrices. Dans ce défilé de grotesque,
j'observe une trio de thaïlandaises venues se recueillir. Aussi
étrange qu'elle puisse paraître, une croyance reste une croyance et
je trouve dommage que certains touristes n'arrivent pas à faire
montre de respect.
Dans
ce coin du pays, l'Islam se mêle au Bouddhisme. De l’extérieur,
les deux religions semblent correctement cohabiter. En ville on
retrouve à la fois des temples et des mosquées. Dans le Tuktuk qui
me conduit vers la gare de bus, je fais face à deux mères de
familles thaïlandaises. Elles ont des traits physiques assez
similaires. Cependant, une porte un hijab et l'autre fait des gestes
d'inclinaison à chaque fois que notre véhicule passe devant un
temple. Une divergence religieuse qui ne semble pas altérer leur
quotidien. A la gare routière je prends place dans un bus local à
destination de Trang, dans les terres. J'ai abandonné Guillaume ce
matin qui prenait le chemin du retour vers la métropole. Quant à
moi, je vais m'accorder une journée off pour faire de la logistique,
loin de l'agitation des plages. Un jour de vacance dans les vacances.