Mon mois japonais va
tranquillement finir là où il a commencé, à Tokyo. En moins de
quatre heures de temps je passe des montagnes de Takayama à
l'agitation de la capitale. J'en profite pour pousser l'exploration
sur encore de nouveaux endroits. On commence à Ikebukuro, une sorte
de croisement entre Shibuya et Akihabara. Rien d'emballant toutefois
une fois qu'on s'est habitué à tous ces complexes commerciaux, ces
salles de jeux et de pachinko... Le quartier suivant en revanche
saura faire dans l'originalité. A Sugamo, la station d'après sur la
ligne de train circulaire, je découvre en effet une autre atmosphère
et surtout une autre population. Les rues sont envahies de personnes
âgées. C'est vrai que de prime à bord quand on s'aventure dans les
rues de Tokyo on a l'image d'une ville forgée pour une population
jeune et dynamique, mais c'est oublier que le Japon est un pays à la
population très vieillissante. En tout cas, la longue rue
commerçante du quartier est là pour me le rappeler. C'est donc
aussi l'occasion de découvrir de nouveaux produits le long des
boutiques et des différents stands bordants la rue. Des petits
poissons pour friture, des champignons, de l'algue, des grosses
gousses d'ail emballés comme un produit rare, des pleines bassines
d'insectes à grignoter et
même des serpents séchés. Je ne sais pas ce qu'ils en font. Une
soupe ? Niveau gastronomie, toutes les micro-spécialités
japonaises sont présentes : okonomyaki, tokoyaki, yakitori...
L'eau à la bouche je rentre dans un restaurant à sushis. Assis au
comptoir on pioche parmi les plats qui font le tour de la pièce sur
un petit tapis roulant. A la gare de Kyoto, j'avais tenté la chose
mais j'avais trouvé qu'il y avait beaucoup de touristes. Ici je ne
suis qu'avec la population locale. Contrairement à ce que l'on
imagine, les sushis ne représentent, je pense, que 5 à 10% de la
restauration japonaise, bien loin derrière les ramens (le
bouillon de nouilles). Je
finirai la journée en faisant une paire de jardins japonais. Je
chemine ainsi sur un petit pont en bois au dessus d'un petit lac
autour duquel sont adossés de fébriles pavillons en bois. Les fines
cloisons ouvertes, on s'agenouille à l'intérieur pour boire du thé,
le regard perdu dans la nature, tous les sens en harmonies. Derrière
cet oasis végétal la skyline tokyoïte voisine s’élève bien au
dessus des plus grands arbres et reflète toute sa verticalité dans
le miroir d'eau. Une scène qui résume assez bien ce qu'est le
Japon. A la fois très urbain mais à la fois très nature, toujours
avec un sens de la coutume et de la tradition.
Le
lendemain, je prends un train de banlieue pour me rendre à une heure
plus au sud. Je me rends à Kamakura, une ville abritant, sans
originalité, beaucoup de temples et également une grand statue de
Bouddha. Je descends à la gare avant le terminus, j'ambitionne de
devancer la masse de touristes et de profiter en solo des temples les
plus éloignés. Peine perdue. Après avoir fait les deux premiers
temples dans la foule, je décide de prendre de la hauteur. Je quitte
la route classique que
tout le monde semble suivre pour prendre un sentier de randonnée
dans la forêt qui surplombe la ville et contre laquelle la majorité
des temples sont adossés. La ballade est agréable et de suite je
retrouve un peu du charme de Miyajima. Un sentier de terre d'où
émergent les racines des arbres. On monte et on descend au gré du
relief qu'emprunte ce chemin de crête. De temps à autre, quand la
végétation se dédensifie on aperçoit en contrebas la ville, ses
temples, et au loin, la mer. Et comme toujours au Japon, le mystique
n'est pas loin, un gros rocher creusé fait office de grotte sacrée
où des centaines de pièces de petites monnaies s'entassent au pieds
de statues de pierres. Une fois mon escapade achevée je me réinsère
dans le flot de touristes en direction du grand temple de la ville.
Je descends ensuite la très longue route qui rejoints la mer. Je
salue le fameux grand Bouddha (moins haut que celui de
Nara) puis visite un dernier
temple, le Hasedera. C'est pas mal pour finir, il est assez original.
Les temples sont agencés en escaliers. Il y a en même un creusé
dans la grotte. Dans le train du retour, je suis bien content de
m’asseoir après encore une longue journée de marche. J'observe
une dernière fois le quotidien des
japonais. La majorité des gens sont sur leurs smartphones, d'autres
font la sieste bercés par la monotonie du voyage et le calme du
wagon. A côté de moi, deux mamies chuchotent un bob vissé sur la
tête. En face ce sont des écoliers qui rentrent de classe. Ils ont
le même uniforme mais chacun avec sa petite touche de
personnalisation.
Pour
parachever tout ça, je rejoints Benjamin pour une dernière soirée.
On se rend chez un ami à lui, franco-japonais, du côté d'Ebisu.
Une bonne vingtaine de personnes, des français, des japonais et des
coréens, et tout ça pour parler anglais. C'est inspirant de
découvrir ces parcours atypiques
qui les ont conduits si loin de leurs bases, vers d'autres normes. Un
endroit ou par exemple je découvre qu'on mange les pizzas avec les
baguettes. Original et pas si bête. L'équipée prend la direction
d'un bar à chicha puis finira derrière les zincs des établissements
de Roppongi. J'aurai la lucidité de m'extirper de ce voile nocturne
qui commence à m'embrumer. C'est pas tout mais j'ai quand même un
vol à prendre le lendemain. Le Japon est clairement un pays auquel
on s'attache rapidement mais j'ai encore de belles choses à voir.
Six
heures de vol, une petite heure de décalage et me voilà à Oulan
Bator en plein cœur de la Mongolie. Le dépaysement est radical. On
range les baguettes, on re-roule à droite et on re-jette des papiers
au sol. Je m'étais habitué aux rues propres, aux gens courtois et
civils, aux mécanismes bien réglés. Ma première journée mongole,
son flot d'embouteillage et de klaxons me rappellent directement une
autre réalité. Le long de la grande avenue qui traverse la ville,
je happe cette nouvelle atmosphère aux couleurs d'Asie mais aux
saveurs russes. Plus à l'est du centre, des ses grands bâtiments et
de sa statue de Gengis Khan on trouve le monastère de Gandan. Un
monastère bouddhiste, pour changer. J'arrive en fin de matinée, je
croise beaucoup de moines aux tenues colorés qui se dirige vers les
différents bâtiments de cultes pour prier. Les fidèles qui comme
moi, font le tour des lieux, font tourner de gros cylindres en cuivre
sur le chemin. Dans le bâtiment principal, je suis surpris de
découvrir une magnifique statues de prés de trente mètres de haut.
J'avoue que je découvre un peu la ville sur le tas. Je suis venue en
Mongolie essentiellement pour la magie de ses paysages. Magie avec
qui j'ai rendez vous dés demain.