Projet

Suite à un cheminement de vie personnel, j'en suis arrivé à prendre la décision de faire (ou du moins d'essayer de faire) le tour du monde sur une année, en solo, en sac à dos. Traverser, dix, quinze voire vingt pays pour rencontrer d'autres gens, d'autres cultures et donc finalement et surtout se rencontrer soi-même.

Ce blog sera la trace de mon projet, le fil conducteur.
Je ne sais pas à quelle fréquence et  en quelle quantité il sera nourri. Tout dépendra du temps que je pourrais y allouer et des connections internet qui me seront proposées. Mais je pars quand même avec l'ambition de consacrer du temps à la photo et à l'écriture. Je compte en effet profiter pleinement de ce moment que je me suis offert pour rester actif, et le dédier pour partie à une autre activité que celle de mon quotidien professionnel. C'est l'occasion d'utiliser différemment sa matière grise. J'essaierai d'avoir un ton intéressant et décalé, mêlant description des paysages traversés bien sûr, mais également et surtout une description de l'expérience vécue, du ressenti, en essayant de fidèlement rapporter la richesse de cet ailleurs, de ses habitants et de leurs quotidiens.

Le programme initialement envisagé (mais qui ne sera certainement pas le parcours finalement réalisé) démarre par une traversée en cargo d'une douzaine de jours me menant de la France à New York. Le temps de bien marquer la rupture, de changer son rapport au temps, d'apprivoiser le vide. Bref, de ré-apprendre à voyager.

S'en suivront deux mois et demis de tribulations entre États Unis et Canada où se mêleront de vastes espaces naturels, des ambiances urbaines, mais aussi des territoires plus insolites. Un temps que je souhaite contrasté.

Novembre se passera à la découverte des Mayas (Mexique – Guatemala) et se finira sur les plages du Belize. Après une virée aux chutes d'Iguazu, Décembre marquera l'arrivée en Argentine et une relative longue escale à Buenos Aires avant de filer à Ushuaïa pour remonter, en Janvier, toute la Patagonie jusqu'à Santiago du Chili.

Une escapade sur l'île de Pâques plus tard il sera temps de traverser le Pacifique pour rejoindre en Février les terres maoris de la Nouvelle Zélande. Un saut de puce rapide en Australie avant de gagner l'Asie pour le printemps et un circuit qui devrait mener du nord du Vietnam à l'Indonésie en passant par le Laos, le Cambodge, le sud de la Thaïlande, la Malaisie et Singapour.

Un dernier mois au Japon devrait clore cette expérience.

Un voyage de ce type fait naître de nombreux sentiments, assez contradictoires.
Il y a bien sur l'excitation de la nouveauté, de la conquête, de l'inédit.
Mais il y aussi l'appréhension du changement de mode de vie, de sortir de la routine, d'abandonner son confort.
Le vertige de la liberté.

Un projet comme ça, en solo quand on se sait de naturel introverti, c'est vouloir placer la barre assez haut, se prouver quelque chose ou du moins aller chercher quelque chose, un autre soi. C'est donc se mettre en danger. Psychologiquement j'entends. Accepter de se retrouver seul ça laisse le temps de se questionner.

Avoir un caractère introverti où les relations à autrui sont réduites à l’essentiel. Où les émotions exprimées peuvent paraître tièdes. Se savoir dans la retenue, s'interdire certains sentiments et leur manifestation. Se savoir introverti donc et vouloir évoluer en se mettant dans une position d'inconfort où la relation à l'autre devient vitale n'est pas anodin. On sait ce qu'on veut quitter mais on ne sait pas jusqu'où cela peut nous mener. J'espère avoir le courage de faire face à ce challenge. Rompre l'isolement, aller chercher l'autre, suivre les chemins pas forcement tracés, faire confiance... Il n'y aurait rien de pire que de partir sur un tel projet ambitieux et ne pas le réaliser pleinement.

Plus la date du départ approche plus ces émotions s'intensifient et restent toujours autant contradictoires. Le plus grand pas du projet avait été bien sûr le choix, il y a six mois, de le mettre à exécution. De s'autoriser la possibilité de le réaliser. La prise de décision avait déjà été en soi, un instant libérateur, faisant tomber beaucoup de tensions et ouvrant d'autres perspectives. Je savais également que viendrait l'autre moment, celui du départ. Le vrai départ.

Plus la date de celui-ci approche plus mon humeur oscille entre jubilation et terreur.
A défaut d'être rassuré, ces sentiments me font sentir pleinement vivant. Et ça c'est déjà une première victoire.

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