vendredi 25 août 2017

By the Rocky Mountains

Il est temps de prendre la route pour Jasper et de commencer le retour de ma boucle. A l'aller j'avais emprunté la transcanadienne, l'autoroute qui traverse le pays d'est en ouest. Au nord de celle-ci le trafic est moins dense. Je fais la route parmi quelques pick-ups et camions transportant des troncs d'arbres. La route longe la voie ferrée. Ainsi, parfois, j'accompagne un train de marchandise chargé de ses containers (les mêmes que j'ai eu sous les yeux pendant quinze jours). Les wagons défilent, le train semble infini. Il file entre les sapins tel un serpent multicolore.

lac peyto

Jasper ressemble à s'en méprendre à sa voisine du sud, Banff. Même noyau villageois de chalets en pierre et bois regroupés autour d'une charmant centre commerçant, et les montagnes qui bordent l'ensemble. La canyon Maligne, les lacs Annette, Edith et Patricia, la rivière Muette. A proximité on trouve de très jolies endroits. Avec l'expérience, je sais dans quel sens et à quelle heure prendre les chemins pour profiter égoïstement de cette nature. Où que l'on marche, on se trouve toujours à proximité d'un ruisseau ou d'une rivière. Le glissement de l'eau apaise les oreilles, et lentement polit les galets et l'esprit.



L'avantage quand on a une grosse voiture c'est qu'on peut prendre des auto-stoppeurs. J'ai ainsi conduis deux tchèques (une frère et une sœur) au point de départ de leur randonnée de deux jours. L'occasion d'évoquer mes voyages antérieurs dans leurs pays et d'échanger notamment sur Žižkov (quartier populaire de Prague) et Blansko. A leur demande, je leur expliquais également que nous ne parlions pas le même français que les québecois. Ou que du moins nous n'avions pas exactement les mêmes expressions ni le même accent. Après avoir récupéré quelques tuyaux sur Vancouver, je les ai laissés, chargés comme des mules au pied de leur périple. Mes excursions, elles, sont plus proches des promenades du dimanche. Jasper aura été moins avare en présence animale que mes autres points de chutes. Outre, les dynamiques et peu farouches écureuils, j'ai eu la chance de croiser un wapiti, quelques biches et une mère élan prenant un bain avec sa progéniture. Seul l'ours ne semble pas vouloir daigner sortir de sa tanière.

wapiti canada



Sur mon circuit, j'ai gardé le meilleur pour la fin : la route des glaciers qui relie Jasper à Banff. Trois cent bornes en pleine nature à se faufiler entre les cimes canadiennes. Loin des lieux habités, l'eau ruisselle des glaciers. Les débits prennent de l'envergure. L'eau vire au blanc tumultueux. Ces cascades et rapides cours d'eau irriguent cette terre sauvage et pure. C'en est la vie. Au détour d'une cascade je suis tombé sur un texte anonyme qui résume bien l'idée. « LE BRUIT ET L'ECUME. Ici s'affrontent, dans le bruit et l'écume, les violentes eaux rugissantes et la terre tremblante. Les échos assourdissants de cette bataille sans fin étourdissent nos sens. »
A mi chemin, je me suis approché d'une des origines de ce tumulte : la fonte du glacier Althabasca. Ici, en hauteur, l'eau ruisselle gentiment. Mais plus bas, le filet d'eau devient torrent. Et enfin, de l'autre côté du versant, l'eau se fige à nouveau en une multitudes de lacs aux couleurs somptueuses.





J'ai conclus ma journée par les deux lacs présentés comme les plus emblématiques des rocheuses canadiennes : le lac Louise et le lac Moraine. Qui dit renommée dit foule. La route menant à ces deux joyaux prend parfois des allures d’arrivée d'une étape de montagne d'une course cycliste avec les voitures rangées sur les bas cotés (il y a d'ailleurs quelques courageux qui tentent de rallier les lacs à coup de pédales). Ma préférence se porte sur le lac Moraine et la belle profonde couleur de son bleu au pieds des montagnes enneigées. Le lac Louise n'en demeure pas moins somptueux. Je rajouterais le lac Emerald, que j'ai fait à l'aller, pour former un joli trio assez complémentaire.

lac moraine

lac louise

Aujourd'hui, journée de transition vers ma seconde partie canadienne : Vancouver et sa région. Je retourne à Calgary pour rendre le tank tout en pensant qu'en fin de journée je ferais le chemin inverse en bus. Oui, je vais dérouler le petit millier de bornes en bus. Et de nuit. Douze heures (onze en comptant ma neuvième heure offerte de décalage horaire). Cela me rappellera aux bons souvenirs de mes trajets au Pérou, en Bolivie et en Turquie (avec serveur en nœud papillon à bord) ainsi qu'à ma jeunesse à sillonner les stades de foot. Tout cela me laisse l'après midi à Calgary que je vais finalement pouvoir parcourir. Au cœur des buildings, une large rue piétonne dessert quelques commerces, bars et restaurants et s'achève sur un énorme centre commercial. Pas de grand monument pour cause d'histoire trop récente. La ville plantée au milieu du Canada par excellence. Rien d'extravagant au final.

calgary

calgary


Nous prenons la route en début de soirée. Les sommets enneigées se confondent avec les nuages, puis au crépuscule lentement les montagnes fusionnent avec le ciel. Et à mon tour je bascule dans le sommeil.


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dimanche 20 août 2017

Canada drive

Après cette semaine new-yorkaise, retour au New Jersey pour passer du port à l'aéroport. Je réalise que c'est le premier vol de mon périple. Toujours étrange de se dire qu'on est arrivé jusqu'ici qu'au contact de la terre et de l'eau. A présent direction le Canada et Calgary via une escale à Ottawa, la capitale du pays, à mi chemin entre Montréal et Toronto. Niveau de la langue c'est pareil, tout le monde maîtrise un parfait franglais. L'accueil qui m'a été fait, du débarquement jusqu'aux douanes en passant par l'immigration, était juste parfait. On se sent de suite à l'aise et le bienvenu. J'arrive finalement à Calgary en fin de journée après mon second vol et en ayant gagné deux heures de plus en décalage horaire.

Dans le bus menant de l'aéroport au centre, je découvre une ville assez étendue et pavillonnaire. Au loin on voit se dessiner les buildings du centre ville. Difficile de se faire une idée sur le niveau d'animation de l'ensemble. Je n'aurais pas le temps de juger. Je loge dans le campus universitaire que je rejoins en un coup de métro aérien. Une belle et grande université composée d'ensembles de bâtiments éparpillés dans un grand parc, l'image qu'on pourrait se faire d'une université au Canada. Mais je ne compte pas me sédentariser.

Le lendemain je récupère ma voiture (modèle XXL) au centre-ville puis mon matos de camping en cours de route. Paré pour une huitaine de jours de road trip à travers les rocheuses canadiennes. Premier constat, la taille de ma voiture est dans la norme (à faire passer une clio pour une voiture sans permis). Pour autant la vitesse est limité à 100km/h sur autoroute, 60km/h dans les parcs et 30km/h en ville. Ça tombe bien je ne suis pas pressé, je peux profiter du paysage qui s'offre à moi tout en me familiarisant avec la boite automatique et la caméra de recul (des trucs de feignant). Je connecte mon téléphone à la voiture, au programme la plus belle des bandes sonores pour ce voyage.

parc banff
parc banff

Des forêts, des lacs, des montagnes. Vert, bleu, gris. La nature canadienne se décline en une majestueuse monotonie. Par Calgary, Banff est la porte d'entrée des rocheuses. De l'autoroute, on ne voit pas le village, il est noyé dans la végétation. Une forêt habitée en somme. Propre et bien achalandé, Banff est un aimable assemblage de chalets en bois et pierres, le tout à l'ombre d'immenses pins et sapins. Un axe commerçant au centre, des rues pavillonnaires en suivant et un vaste camping sur les hauteurs. Le camp de base idéal pour profiter des innombrables activités et ballades disponibles.

rue banff


ecureuil

Je suis au camping donc. Jusque là l'expérience se résumait pour moi à des vacances en bord de plage dans un enchevêtrement de tentes habitées par des hordes de gens bruyants le tout agrémenté d'animations bas de gamme. Le camping à la Franck Dubosc. C'est également des épisodes dans des festivals musicaux : du bruit, de la pluie, de la boue, de la bière et pas beaucoup de sommeil. Une sorte de concours d'endurance. Mais là, on est entré dans une autre dimension. Au Canada, camper est un sport national. Les tentes sont gigantesques (la « 3 secondes » de Décathlon n'a pas droit de citer). Des assemblages minutieux de cordes, auvents, hamacs. Des fauteuils de compétitions. Des glacières à faire saliver Marcelo Bielsa. Du coup, j’essaie de faire bonne figure avec mon réchaud portatif face à l'armada de barbecues sur pattes.


Parc naturel oblige et cohabitation avec les ours et autre faune sauvage, les règles de vie sont strictes : pas de nourriture entreposée en dehors des voitures, tous les déchets immédiatement jetées dans des containers hermétiques. Le camping a beau être grand (mille emplacement environ) je suis en lisière. Après mon emplacement, c'est la vie sauvage. Heureusement, pour l'instant, les manifestations animales se résument à des courses d'écureuils entre les tentes. La journée on tourne autour des 20°, mais la nuit on frôle le 0°, heureusement je suis bien équipé.


parc banff lac

Le parc naturel de Banff est exceptionnel bien que légèrement encombré en ce mois estival. Les lacs s'enchaînent, rivalisant de beauté. Une vrai déclinaison de bleus : turquoise, azur, laiteux... et chacun arborant fièrement sa couronne de sapins. Les canoës glissent sur l'eau sous le regard des promeneurs qui arpentent les sous-bois. Sur la route menant au parc de Wells Gray, le paysage est moins sublime, il n'en demeure pas moins attrayant. Tout d'un coup, un panache de fumée se dégage de la colline face à moi. Un feu de forêt, je regarde en spectateur des hélicoptères tenter de le circonscrire en transvasant des sortes d'énormes seaux. Plus loin j'observe, ce que les flammes peuvent laisser derrière elles. Je traverse des champs de sapins calcinés. Ils se dressent, dénudés et noircis, sur des collines roussies. La journée s'achève par une étape à Revelstoke dans un camping plus familial, avec un emplacement sympathique en bord de lac. 

feu foret canada



Après avoir traversé Kamloops, porte Ouest des Rocheuses, le parc Wells Gray se rejoint en quittant l'axe principal et en empruntant une unique route en cul de sac d'une soixantaine de kilomètres. Moins de monde qu'aux alentours de Banff. Le site est moins accessible et de nombreux sentiers de randonnée sont fermés suite au risque de feu de forêt. Pourtant, ici aussi, les atouts ne manquent pas. Ce sont les cascades qui s'imposent. Notamment, celle de Helmcken : 141 mètres de chute dans un cratère en demi-lune. Une explosion d'écume dans des falaises coiffées de sapins. Un véritable joyau dans un écrin. 

helmcken falls

dawson falls

Au fur et à mesure que je déroule la route, je commence à habiter mon voyage. On est encore sur des sentiers battus, mais je commence à prendre mes marques. La route est longue, mais elle sera belle. 




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lundi 14 août 2017

New York, les écureuils et les pigeons

L'agent d'immigration est monté sur le bateau. Après un interrogatoire en règle il a tamponné mon passeport et m'a autorisé à poser le pied sur le sol américain. Au bas de la passerelle, nous attendait un chauffeur qui devait nous conduire au bureau de l'immigration pour finaliser notre entrée sur le territoire avec notamment la prise d'empreintes. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'entre lui et moi, ça ne l'a pas fait. Assez autoritaire dans sa démarche (« pose ton bagage ici, toi, le tien là »), j'ai eu le malheur d'ouvrir la portière sans sa permission. S'en est suivi une vive séance de remontrances où j'ai vite compris que je n'étais pas chez moi, et pas nécessairement le bienvenu. Nous sommes finalement montés à bord de la voiture. L'ambiance était glaciale, et ce n'était pas lié qu'à la climatisation. Le bureau d'immigration se trouve à Bayonne, sur un autre terminal portuaire, celui des croisières (on a pas idée d'arriver à l'étranger sur un bateau de marchandises). Nous avons donc roulé un bon moment, longeant des bâtiments industriels désaffectés, dans des rues défoncées et désertes. Le soleil couchant commençait à nous fuir. Des images non sans rappeler le cinéma de Scorsese. Ambiance. Finalement, une fois les formalités faites, nous avons été déposés dans Manhattan, après un trajet sur un mélange sonore de country et de musique classique. Mais Manhattan n'était pas ma destination finale. J'ai décidé de résider dans Brooklyn, et plus précisément à Bushwick, mais je vais y revenir.

central park

J'ai déjà eu la chance de passer une semaine à New York il y a une dizaine d'année, et trois jours plus récemment. J'ai eu plaisir à retrouver certains endroits. La quiétude de Central Park, où les glandeurs côtoient les sportifs. Les rues ombragées et animées d'East Village. Le plaisir de capter et sentir cette énergie. L'architecture improbable du Flat Iron. J'en ai également profité pour découvrir des lieux que je ne connaissais pas encore, comme la High Line, ancienne ligne ferrée aérienne, astucieusement transformée en une belle ballade verte qui slalome entre les buildings et survole les voitures. J'ai découvert le One World Trade Center achevé. Au pied du building, on retrouve le mémorial du 11 Septembre. Au cœur d'un jardin sobre, les deux anciens emplacements des Twin Towers sont matérialisés. Pour la mémoire, comme une cicatrice. Ces deux trous béants ont été aménagés en sortes de piscines sans fond. Sur tout leurs périmètres coule une cascade qui se vide dans un trou central comme des larmes intarissables. Le nom des victimes recouvrent tout le pourtour. Un bel espace de recueillement. Niveau histoire, j'ai également fait un saut à Ellis Island. La porte d'entrée de l'Amérique de la fin du 19éme siècle jusqu'à la moitié du 20éme siècle. Un beau musée assez instructif dans les bâtiments d'époques bien conservés.

hall ellis island

Parcourir la grande pomme fait inévitablement cheminer par d'autres lieux emblématiques, mais qui me touche moins. Moins qu'il y a dix ans en tout cas. Chinatown, Time Square, l'Empire State Building, le Rockefeller Center... Et puis en sortant de Central Park, en descendant la 5eme avenue, je suis passé devant la Trump Tower. La dernière fois, l'homme était un milliardaire excentrique, aujourd'hui il l'est toujours mais il est devenu en plus président de la première puissance mondiale et nous livre actuellement une guerre d'égo avec son équivalent nord-coréen. Frissons dans le dos. Je regarde les gens se prendre en photo en masse devant l'objet phallique. Je reprends ma marche un peu désappointé quand je tombe sur un homme remontant la rue dans l'autre sens et arborant un t- shirt blanc avec l'inscription « I Miss Obama » (Obama me manque). Une photo, une poignée de mains, un rapide échange et je repars. Et c'est maintenant avec le sourire que je regarde les bus déverser des flux de touristes asiatiques sur les trottoirs qui aussitôt s'agglutinent sur les vitrines en face.


Mais finalement, le New York que je veux vous raconter n'est pas celui de Manhattan. Je veux vous raconter celui de Brooklyn. Le voisin prolo. Pour parler de Brooklyn, je pourrais évoquer Dumbo au pieds du Brooklyn Bridge où on a une vue imprenable sur Manhattan et ses gratte-ciels. Je pourrais également aller tout au nord à Greenpoint pour décrire la vie animée et populaire qui s'y déroule et où on croise une petite communauté polonaise.


Pour parler de Brooklyn, j'aurais pu évoquer, tout au sud, Coney Island. Une anomalie, un lieu hors du temps. La plage à une heure de Manhattan. Un cadre démodé et vieillot mais qui garde son charme. Une longue et large promenade en bois longe la plage et borde le parc d'attraction de Luna Park et autres stands à hot dogs et confiseries. Les deux rues qui traversent le quartier ont des noms dans l'esprit: l'avenue du Surf et l'avenue des Sirènes. Tout un programme. Palavas les flots, le kitsch en plus. On y croise également le stade du NY Cosmos, ancienne équipe glorieuse de soccer (aujourd'hui en ligue mineure) où a évolué Pelé. Sur le ponton les badauds regardent des habitués en train de s'exercer à la pêche. Mon regard lui est dans l'autre direction, sur ces cargos posés à l'horizon. Instant nostalgie.


coney island

Pour parler de Brooklyn, j'aurais pu décrire Little Odessa, petite enclave russe. Sous le métro aérien, une rue continuellement ombragée dessert une multitude de magasins aux enseignes en cyrilliques. Chaque passage de métro fait un vacarme impossible qui ne semble pourtant pas perturber la population locale.

little odessa

Pour parler de Brooklyn, je pourrais parler de Williamsburg. Quartier branché qui fait face directement à Manhattan. Avec la pression immobilière, de jeunes new-yorkais imaginatifs et créatifs s'y sont installés et ont donné une autre vie à ces anciens entrepôts (lofts, bars, boutiques...). La visite y est agréable le long de Bedford Street et Berry Street. Au bord de l'East River, quelques espaces verts offrent de superbes vues sur les densités de Manhattan. Mais le soir (en tout cas celui où j'y étais et dans les lieux où j'étais), la mixité s'estompe, les bières coulent à flot, mais le charme de l'endroit s'évapore. Indiciblement, le capitalisme a rattrapé la fougue locale et semble avoir repris ses marques. Comme si la maladie de Manhattan avait franchi le pont. Mon Brooklyn est ailleurs.


Non, pour parler de Brooklyn, j'ai choisi de parler de Bushwick. Le quartier où j'ai séjourné. J'ai choisi de résider à Bushwick car c'est là que me paraissait se trouver une partie de l'énergie actuelle de la ville. L'énergie de ceux qui créent, qui s'approprient de nouveaux territoires, de nouveaux espaces. Et là également où résident les new-yorkais du quotidien. Ceux qui travaillent sur Manhattan mais logent de l'autre côté de l'East River. Dans le prolongement de Williamsburg donc, Bushwick est un vaste territoire métissé. La mixité tranche, elle est visible. Au supermarché du coin, chaque communauté à d'ailleurs son propre rayon avec ses propres produits. Il y a du riz partout mais jamais le même. Ah, La bouffe! Une catastrophe! Je vous épargne la description de ce qu'ils appellent fromage et charcuterie. Heureusement il reste quelques enseignes « organic » pour me sustenter. Organique en opposition à transformé, modifié, chimique...

graffiti bushwick
graffiti bushwick
graffiti bushwick

Le quartier est grand, six stations de la ligne L du métro le desservent. Au nord, autour des trois premières, on retrouve de nombreux entrepôts et ateliers. C'est naturellement là qu'on sent l'évolution en cours. On aperçoit une multitude de tags et graffitis qui recouvrent ces grands palissades et murs en tôle et briques. Et de ci de là, certains de ces espaces ont muté. Une population a décidé d'y apporter une nouvelle énergie, d'en faire un espace de vie, de création et de détente. En fin de journée, l'atmosphère y est très agréable. Au détour d'une rue, on voit se détacher l'Empire State Building en fond. Mais on est déjà loin. Ici, on respire.

rue bushwick
 
Moi, j'habite au sud du quartier, dans la partie résidentielle. Le long des avenues, on retrouve les commerces sans charme (laveries, fast food, coiffeurs, supérettes...) d'où partent, à angle droit, de longues rues où s'alignent de nombreuses habitations groupées. Un ou deux étages desservis par un petit escalier en pierre et un sous sol accessible par une trappe. A l’arrière de chaque habitation une minuscule cour privative. Un ensemble de petits blocs dans la plus pure tradition américaine. Et de temps à autre un petit parc (de l'herbe clairsemée et des bancs) toujours bondé. L'ensemble n'est pas propre, loin de là. Mais ce désordre n'est pas dérangeant. Les rues ne sont pas délabrées, on va dire qu'elles sont usées, qu'elles ont vécu. Car de la vie, il y en a tout le temps, partout. Des grosses voitures passent au ralenti, toutes vitres baissées, volume sonore à fond. Des anciens se regroupent autour d'un banc à l'ombre d'arbres faméliques. On observe des gens pressés qui ne laissent sur leur passage qu'une haleine de shit. Des gens qui prennent leur temps, à pied , à vélo. Des gens bien occupés qui trimballent tout un attirail. Des dégaines singulières. Des langues étrangères, de l'espagnol, du chinois, et d'autres que je ne peux identifier. J'observe ça du fronton de la maison le soir, assis sur les marches. Je contemple cette Amérique et son quotidien. Tout au sud, le quartier se termine par une vaste étendue verte. Le cimetière d'Evergreen. Les tombes se résument à de simples pierres tombales plantées dans l'herbe. Les patronymes gravés sur le minéral renvoient bien à la diversité observée chez les vivants.

evergreen bushwick
 
La ligne de métro structure ce quartier populaire. Elle est également très représentative de ses habitants. En fin de journée, on y accompagne ces travailleurs qui quittent Manhattan et rentrent chez eux. On observe leurs sacs de commissions estampillés « Trader Joe ». Vu la qualité des commerces de proximité, je peux comprendre le choix. Après une dure journée de labeur à servir dans un restaurant, faire l'entretien d'un immeuble de bureau ou travailler sur un chantier, les gars de Brooklyn rentrent chez eux avec leur stocks de « noisettes » comme des écureuils, alors que sur Manhattan il reste certains touristes qui ne consomment que ce qu'on leur donne, comme des pigeons. La comparaison peut être prétentieuse et quelque peut sévère, mais en observant dans Madison Square Park un écureuil manœuvrer une flopée de pigeons comme un chien de berger avec des moutons elle s'est imposée naturellement à moi. 


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mardi 8 août 2017

L'odyssée






Une journée et une nuit, c'est le temps qu'il nous a fallu pour rejoindre le détroit de Gibraltar depuis Valence. Alors que l'aube se dessinait à l'arrière du bateau, à l'avant se sont les côtes africaines qui rejoignaient leurs voisines européennes. Un ensemble disparate d'autres embarcations complétait le tableau. On devinait la croûte andalouse au travers d'une brume cotonneuse comme si la terre était déjà devenue un fantôme. Du lever de soleil au franchissement complet de ces limites terrestres, il s'est écoulé une petite paire d'heures. Lentement, la ligne d'horizon est passée du gris au mauve puis à l'orange. La sphère solaire s'est ensuite rapidement dressée dans le ciel et, tel un projecteur, a mis en lumière les limites physiques de la méditerranée. A gauche, l'enclave espagnole de Ceuta, et de l'autre coté à dix ou peut être vingt kilomètres le rocher de Gibraltar. La porte d'entrée de l'Atlantique. Le vrai commencement du périple. Le début d'une grosse semaine à accompagner ces milliers de containers le long des flots.

rocher gilbratar voyage en cargo

A bord du Coral, insidieusement, naît une routine.
Au lever, la journée commence par une petite excursion en coursive pour observer les couleurs matinales se refléter sur l'eau et laisser un vent frais éveiller les sens. Le soleil est encore doux, sa lumière caresse le visage sans encore le brûler. Le petit déjeuner se prend entre 7h30 et 8h30 dans la salle de restauration du premier niveau. Celle des officiers roumains. L'équipage sri-lankais mange dans un autre salle de l'autre côté du couloir. Les gens vont et viennent à leur rythme, comme dans la salle de petit déjeuner d'un hôtel. Les officiers roumains déjeunent à leur propre table rectangulaire de six places, prés des hublots. Nous trois restons à une petite table ronde au cœur de la pièce. On ne se mélange pas. Chaque entrée et sortie de la salle est ponctuée d'une salutation et de quelques mots dans un langage franco-roumano-anglais. Et, bizarrement, cette salle à manger est l'endroit avec le plus d'animation sur le bateau. En dehors de celle-ci, peu d'échange. Il est vrai qu'on ne croise pas grand monde dans les étages en journée. Le travail est ailleurs. Sauf pour Nissanka, notre intendant, qui s'affaire à la bonne tenue de l'ensemble. Il assure aussi le service à table durant les repas (le déjeuner entre 12h et 13h puis le dîner entre 18h et 19h). La nourriture est de qualité, le rôle du chef de cuisine à bord d'un bateau est primordial pour le moral de ces ouvriers de la mer. Ces temps de restauration structurent nos journées et nous offrent un temps et un espace d'échange. Le reste du temps chacun vaque à ses envies, à son rythme, au gré des humeurs. Cela peut être un temps en cabine pour répondre à l'appel d'une sieste ou bien sur la coursive à fixer l'horizon et s'abandonner à ses pensées. Ou bien cela peut être encore à lire ou rêvasser sur un transat, à l'ombre ou au soleil. On peut également faire un saut au dernier niveau, pour se faire tout petit sur la passerelle de commandement et voir les officiers à la manœuvre. On pourrait également séjourner dans le salon commun, mais la vidéothèque et sa ribambelle de films d'actions ne me tentent pas. Pas plus que la salle de sport et sa table de ping pong. L'océan me suffit.

voyage en cargo

Mais pour l'équipage, le quotidien est autre. Après avoir orchestré les divers chargements et déchargements méditerranéens (Algésiras, La Valette, Livourne, Gênes, Fos-sur-Mer, Barcelone, Valence), ils est temps pour les marins sri-lankais de consacrer du temps à panser la bête. A longueur de journées, vêtus de combinaisons et de casques, ils œuvrent à chasser le sel et la rouille de la surface du bateau. Une tâche infinie, tel Sisyphe poussant son rocher. L'organisation générale est militaire. Chacun a son grade et ses missions attribuées en conséquences. Les cabines sont reparties dans l'ordre hiérarchique dans les différents étages, le capitaine est au niveau F, nous au niveau E, et ça descend jusqu'au niveau B. Mêmes les places à tables sont ainsi distribuées, le capitaine et son second sont en bout de table, contre le hublot. Des affichages et des consignes partout, pour tout. La rigueur. Pas d'alcool à bord. Petite exception pour nous, où de temps à autre une bouteille de vin nous est proposée à table. Dans toute cette organisation millimétrée, nous sommes les électrons libres.


Voilà trois jours que nous avons quitté l'Europe et aucune trace de toute autre embarcation à la ronde. Nous sommes définitivement seuls. Quand soudain, un relief se détache de l'horizon. Les Açores viennent rompre la monotonie du panorama. Deux îles s'offrent à notre vue, une de chaque côté du bateau. Nous sommes en milieu d'après midi, le temps est dégagé. Nous regardons cette longue croûte terrestre lentement défiler au loin. Puis le téléphone vibre. Une sensation qu'on commençait à oublier. Nous voilà sommairement rattaché au réseau portugais. On raccroche un instant à Internet, à la brutalité du présent, submergé sous le flux d'information. Mais bien vite, on largue cette amarre virtuelle pour replonger dans la quiétude de notre monastère flottant.


Les jours défilent ainsi, se ressemblant, mais jamais tout à fait les mêmes. On laisse le temps nous dépasser. On perd progressivement la notion de date. Nous sommes les vacanciers d'un hôtel marin, notre plage est de fer et de non de sable, et la mer face à nous n'autorise pas la baignade. Mais le calme est permanent, le spectacle nous est exclusif, chaque instant est un moment privilégié. Les journées s'étalent ainsi lentement où seul le soleil danse de part et d'autre du bateau. Se levant à la poupe, il frappe dur en journée pour se coucher finalement à la proue. De temps à autre, le vent se lève et court sur la coursive, nous obligeant à le fuir de bâbord à tribord, ou inversement.

coucher de soleil cargo


Et partout de l'eau, à ne plus en finir. Le bateau glisse doucement dans son ronronnement régulier et monocorde. Laissant derrière lui, l’éphémère trace d'un petit sillon et une légère fumée jaune et odorante. Ce petit bruit s'impose au silence ambiant. La mer est plate et lisse comme si le soleil avait apposé une couche de verni. Puis lentement, le vent s'invite. L'eau se plie, elle fourmille, des remous émergent et commencent à onduler, le vent fouette le haut des vagues et les fait exploser en une multitude de bouquets d'écume qui scintillent en surface et viennent se briser sur la coque. A présent, le bruit de l'eau est le seul qui parvienne à nos oreilles. Nous accompagnons le bateau qui tangue et s'incline selon la volonté de la mer. Une fine pluie salée vient de temps à autre se poser sur les visages. L'océan et le ciel se répondent ainsi sans cesse dans un étonnant mimétisme. Quand la voûte est nue, le tapis d'eau est lisse. Mais quand le ciel se pare de nuages noirs et cotonneux, les eaux s'agitent et prennent du relief. Il n'y a au final que le bateau qui reste stoïque et poursuit son chemin, lesté de sa cargaison. On dirait une énorme tortue de métal qui avance dans un immense désert marin. Car on ne croise pas grand monde. La vie n'est pas visible. En ces lieux, les oiseaux ont fui. En revanche, on imagine que sous nos pieds, entre la surface et le fond, quatre mille mètres plus bas, une autre activité existe. On imagine une faune sous marine dense, une foultitude d'espèces colorées aux formes disparates. On imagine car cet espace nous est interdit. On guette en surface, une quelconque trace de vie. Les seuls qui s'aventurent hors de l'eau, ce sont les dauphins. J'ai pu observer plusieurs fois, presque par surprise, quelques poignées s’éloigner du bateau, sûrement surpris par l'anomalie de la chose. Plus petits que ce que j'imaginais, mais bien majestueux dans leur façon de bondir hors de l'eau et de suivre les vagues.


Ainsi passe le temps à bord du Coral. Le présent devient envahissant, il absorbe toute espérance de futur et toute trace de passé. Le temps s'arrête. Il recule même. Puisque nous retardons nos montres régulièrement d'une heure à mesure que nous traversons les fuseaux horaires. Plus rien à penser, à organiser, à anticiper. Plus de problèmes à résoudre. Rien. Nos pensées se libèrent. Elles se perdent dans l'horizon, et nous perdent nous même. On finit par s'oublier. On s'abandonne. On contemple. Le cœur léger et l'humeur vagabonde, on se prend à penser à toutes les embarcations qui ont emprunté la même route par le passé. A ces émigrés irlandais, polonais ou autre qui ont fui à contre cœur leur chez eux en quête d'une nouvelle vie, le cœur empli d'espoir. On songe, avant eux, à ces imposants vaisseaux de bois qui, les cales pleines de marchandises exotiques, portaient, toutes voiles dehors, le goût de la conquête et ont les premiers tracé ces routes. On essaie de ressentir l'état d'esprit de ces passagers d'antan. Leurs rêves et leurs peurs. Aujourd'hui on bascule d'un continent à l'autre en un coup de réacteur. Décider de faire la traversée à fleur d'eau, d'en accepter la longueur, c'est quelque part vouloir accéder à une part de cet imaginaire. S'imprégner lentement de cet ailleurs, laisser l'idée germer dans nos pensées. Prendre la (dé)mesure des choses.

Nous voilà à mi-chemin, à mi-océan j'ai envie de dire. On nous a proposé en début d'après midi de descendre dans les entrailles du monstre marin. Dans les pièces à vivre et sur les coursives, le bruit de moteur est un fond sonore auquel on s'est habitué. Mais au cœur des machines, le bruit devient assourdissant. C'est donc munis de bouchons d'oreilles que nous avons pu déambuler dans le cœur du bateau, guidés par le chef ingénieur. Le moteur est imposant, il pourrait remplir un gymnase.

moteur cargo


 Tout un dédale d'escaliers et de coursives permet d'en faire le tour, et d'accéder aux divers compresseurs, refroidisseurs, diffuseurs, convecteurs, et autres truc-en-eurs. D'une pièce à l'autre, d'un niveau à l'autre, la température et le volume sonore fluctuent grandement. Un coup on traverse un flux d'air chaud expulsé, à un autre moment on longe un passage étroit et fumant. On ressent pleinement l'énergie dégagée. On sent même fortement l’odeur de fioul qui imprègne l'ensemble. Chaque jour, à son rythme de croisière, un peu moins de vingt nœuds, le moteur absorbe près de cent tonnes de carburant. Sur la plateforme, en observant de haut cet ensemble fumant garni de moniteurs désuets et en regardant les ouvriers sri-lankais œuvrer tout autour de diverses machines rouillées, on se croirait dans une base soviétique d'un James Bond. 

salle des machines cargo
 
Nous avons finis la journée dans la salle de commandement, pour le coucher de soleil. L'officier sri-lankais nous a gentiment présenté l'ensemble des outils de commandes, les différents écrans et l'ensemble de ses tâches. Il nous a même sorti précieusement, d'une boîte en bois, un sextant. Cet outil ancestral de navigation qui permet de s'orienter en fonction du positionnement des astres, à l'aide d'un assemblage minutieux de loupes. Malgré toutes les technologies dont sont bardées les embarcations actuelles, naviguer reste un acte presque mystique. Une fois la nuit tombée, un dernier tour en coursive nous a permis d'admirer la lune, presque pleine, se détacher du ciel et des quelques nuages éparses. Sa lumière renvoyait un trait argenté qui se reflétait sur une partie de l'océan déjà teinté au noir.



Lentement, on sent que le but approche. On se projette déjà. On redécouvre l'impatience. Le quotidien codifiée et millimétrée du bateau et de ses habitants commence gentiment à lasser. Aucune place à l'improvisation. On regarde un équipage pas malheureux, mais qu'on sent blasé par cette vie en mer. A les observer, c'est comme s'ils avaient renoncé à toute part de créativité et d'imaginaire. Cela donne l'impression d'être dans le film, où chaque matin, le héros revit la même journée. Pour nous, ça s'en approche, les repas se suivent et se ressemblent, dans leur contenu et leur déroulement. On observe Nissanka servir et desservir les assiettes avec toujours la même mécanique et son petit dodelinement de la tête. Le lave linge toujours lancé à la même heure, après le petit déjeuner. Les changements d'heure à venir, annoncées par haut parleur, toujours à la même heure, 18h, et avec le même énoncé dans un anglais approximatif. Les officiers roumains qui s'autorisent un film dans le salon, après le repas du soir, toujours le même rituel. Même le soleil se couche au même endroit. Ce soir, nous avons traînassé à table, en finissant notre bouteille de vin. L'occasion de fuir légèrement ce rythme quelque peu oppressant. Nissanka nous a aimablement apporté un autre fond de bouteille. Et nous avons finis par déboucher, sur la coursive, une bouteille qu'Antoine avait judicieusement achetée avant d'embarquer. Nous avons siroté le raisin fermenté en regardant la nuit couvrir l'océan et en échangeant nos souvenirs et envies de voyages.



Et finalement, Dimanche, nous avons pris nos derniers repas. Bifteck-frites à midi et spaghettis le soir. Exactement comme le dimanche précédent. Ah, la routine! Une dernière nuit à bord et nous pourrons apprécier une arrivée sur New York au petit matin. Mais tout d'un coup, le bateau ne bougeât plus. Je le sentis de suite. Nous étions à l'arrêt. Je sortis sur la coursive pour constater la chose. Une sensation étrange. Après une dizaine de jours à regarder la mer et «tanguer» avec elle, cela fait bizarre de voir l'eau se mouvoir et de rester fixe à la regarder, tel un poids mort. On ne la sentait plus vibrer sous nos pieds, notre danse commune avait pris fin. Pour une raison qui m'était alors inconnu nous étions complètement immobile, à moins de trois cent kilomètres du but. Il est huit heures, le soleil vient de se coucher, et la lune commence à prendre des couleurs. Dans la pâle lueur du soir, nous sommes dépassés par un «homologue» chinois, lui aussi la hotte bien chargée. Le capitaine s'affaire sur la passerelle, pas visiblement très inquiet, mais quelque chose ne va pas. Le navire reprit sa route dans la nuit, je ne le sentis pas, je dormais. Notre arrivée est prévue en début de matinée. Les oiseaux apparurent en premier. Pas beaucoup, juste deux ou trois, des éclaireurs téméraires. Ils flottaient dans les airs ce qui donnait de la légèreté à l'instant. Les oiseaux de métal suivirent. Je scrutais une dernière fois l'horizon en contemplant le roulis des vagues. Je m'apprête à quitter un vieil ami. Le calme des eaux faisait écho en moi, j'étais serein. Un amas de cargos apparut en ligne de mire, et plus loin, enfin, la terre commençait à se détacher de l'océan. Une esquisse de la ville se dessinait. On devinait les gratte-ciels au travers de la brume matinale. Gratte-ciels, ou plutôt cure dents pour l'instant. Puis le bateau ralentit et s'immobilisa. A nouveau. « Main engine problem » nous annonça l'officier en chef. Le bateau est figé, et ce sont maintenant une ribambelle de petits oiseaux qui tournent autour. Ils ont changé le carburant du bateau, ils ont mis du diesel. Nous avons fait un tour, littéralement, puis nous sommes revenus au mouillage. Ça à l'air d'aller. Vu la taille de la bête, je n'ose imaginer l'allure d'une vidange. Finalement, vers 16h on nous annonce que notre entrée au port est prévue pour 14h. Le lendemain, donc. L'officier roumain nous fit comprendre que leurs correspondants américains au port n'étaient pas du genre conciliants. Cet hôtel marin commence à prendre des airs de prison flottante. La pluie tombe drue à présent.

vue new york cargo


A 14h pile le lendemain, le bateau s'est ébranlé. A allure d'escargot nous nous sommes rapprochés de la grosse pomme. En longeant tout d'abord, à distance respectable, Long beach, Brighton beach puis Conley Island et son parc d'attraction. Nous sommes passés sous le pont reliant Brooklyn à Staten Island. Manhattan et sa skyline se sont alors pleinement offert à nous avec comme témoin la statue de la liberté. Puis nous avons bifurqués à gauche, vers le New Jersey et son port, l'entrée des artistes. A 17h le bateau s'immobilisa. Nous sommes à bon port. De l'autre coté de l'Atlantique. Prêts à de nouvelles aventures.

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