Après la ferveur
d'Hanoï, le charme de la baie d'Ha Long et les belles montagnes de
Sapa, je décide de ralentir mon aventure vietnamienne et de me poser
un peu à Mai Chau. Le village s'y prête bien. Je sillonne les
alentours, tranquillement, à vélo. Je serpente entre les rizières
et j'observe les vietnamiens à l'ouvrage, chapeaux de pailles
coniques vissés sur la tête. Chaque enfant croisé m'offre un franc
sourire et un jovial « hello ». Il y a bien encore
quelques touristes, mais cette pause dans la campagne du pays est
relaxante après le tumulte qui a guidé mes premiers pas en Asie.
Commence ensuite ma
descente vers le centre du pays. Dans le bus local pour rejoindre
Ninh Binh, à trois heures de là, je fais la connaissance de Marie
et Thomas, un couple d'Aix en Provence venu au Vietnam pour faire du
bénévolat une paire de mois. Je les laisse à leur hôtel après un
rapide déjeuner et file vers le mien à l'ouest de la ville, au cœur
des attractions touristiques. Ninh Binh, la « baie d'Ha Long
terrestre », annonce en
effet un réinsertion dans le grand flux de touristes. Du haut du
temple Hang Mua posé au sommet d'une petite montagne, je découvre
en contrebas la rivière Tam Coc se faufiler entre les rizières
boueuses. C'est l'endroit privilégié pour les tours en pirogues.
Mais pour cela, j'opterai plutôt pour le complexe de Trang An un peu
plus au nord. Le site est également très fréquenté. J'avais eu
l'ambition de m'y pointer aux aurores, mais la pluie m'a confiné
dans mon lit. J'y arrive finalement en milieu de matinée, comme tout
le monde. Trois heures à naviguer dans un décor montagneux à la
verdure luxuriante. Rien de moins que le cadre du film King Kong. Je
partage l'embarcation avec des vietnamiens, j'ai eu la chance de
pouvoir éviter la cohorte chinoise. Nous traversons, au fil de l'eau
et à la force des poignées de notre rameuse, de nombreuses cavités
creusées sous la roche. Tout cela me rappelle les grottes de marbres
de la Patagonie chilienne.
Le
soir avant de quitter la ville, je partage mon repas avec un
sympathique couple aveyronnais. Leur accent m'évoque une douce
nostalgie. Vers 22h, je quitte le restaurant, traverse la rue et
rentre dans la gare centrale. Je m'apprête à prendre le premier
train de mon voyage. Enfin, le premier depuis le Toulouse-Istres
inaugural. Période de fêtes oblige, les wagons sont bondés. Le
train est vieillot mais reste en état de marche. Au petit matin,
après une dizaine d'heures parmi les vietnamiens, leurs innombrables
cartons et leur définition limitée du mot intimité, me voilà à
Hué, la grande ville du centre du pays. J'occupe l'après midi à
explorer l'ancienne cité impériale au nord de la ville. Un
véritable dédale de temples et de pavillons.
Hué sera ma base pour
explorer les alentours. Hoï An, au sud, conserve ses charmes malgré
la très forte affluence touristique. La vieille ville se compose de
maisons coloniales aux tons jaunies et défraîchies. Une odeur
d'encens flotte dans les rues. Ce parfum provenant des temples se
mêle à celui des beignets de mangues et autres omelettes aux œufs
de cailles que proposent les vendeurs ambulants. Tout cela fourmille,
mais le fait que l’accès soit réservé aux piétons rend cette
cohue presque agréable. A la nuit tombée, les rues sont éclairés
par la multitude de lampions colorés qui sont nichés dans les
arbres. Posé à une terrasse, j'observe la lumière de ces
loupiotes se refléter dans l'eau noire du canal qui traverse la
ville. Pour rajouter à la poésie du moment, les locaux vendent des
lanternes en carton à laisser dériver sur l'eau. Dans la moiteur du
soir, les touristes profitent de tout cela en se laissant porter à
bord de pirogues. Ce tableau m'évoque une belle illustration de ce
que pourrait être Venise ou Amsterdam revisitées par l'imaginaire
de Miyazaki.
En
remontant sur Hué, le lendemain, je passe par Dan Nang. On longe
l'océan par une longue avenue bordée de palmiers. La multitude de
grand édifice en construction ne laisse aucun doute sur le devenir
de la zone. Le Vietnam se construit une station balnéaire et
s'apprête à recevoir du tourisme oisif. Au nord de la ville, je
m'arrête à la « montagne de marbre ».
Un très joli complexe de temples et de pagodes posés sur une
montagne accessible par ascenseur panoramique. Au bout du site, on
pénètre dans une immense cavité ouverte sur le ciel. Les rayons du
jour percent la végétation qui coiffe la grotte et plongent
l'ensemble dans une agréable pénombre. De l'encens, des bougies,
des escaliers, un temple à droite et un grand Bouddha incrusté dans
la roche, un vrai décor à la Tomb Raider.
Le
lendemain changement d'ambiance. Je me suis inscrit dans un tour pour
découvrir la zone « démilitarisé »
au nord et me plonger dans l'histoire de la guerre du Vietnam. Le
minibus est d'ailleurs garni pour moitié d'américains. La route est
longue et les marques des affrontements ne sont plus visible. La vie
et l'agriculture ont repris leurs droits depuis bien longtemps.
Toutefois les commentaires de la guide et notre imagination
permettent de bien se représenter ce qui a pu se jouer ici il y a
prés de cinquante ans. La rivière Ben Hai sert de séparation
physique. Le pont bicolore qui l'enjambe matérialise la division
entre le nord (bleu)
et le sud (jaune).
Nous visitons les tunnels de Vinh Moc que les vietcongs ont bâti
pour se protéger des bombardements ennemis. Une vraie petite ville
organisée autour d'une réseau de galerie étalé sur trois niveaux.
Pour le confort toutefois on repassera. Après cette atelier spéléo
la visite s’achève plus à l'ouest au cœur de la base américaine
de Khe Shan où s'est joué un fait majeur de la guerre. Le lieu est
à l'abandon. Entre les tanks et les hélicos rouillés je descends
dans les tranchés et passe de bunker en bunker. Derrière les sacs
de sables entassés on essaie de s'imaginer ce que pouvait ressentir
ces jeunes américains encerclés et exposés aux tirs ennemis. Sur
un des murs j'ai pu lire une inscription d'époque : « Home
is where you dig it ».
De
retour sur Hué après cette journée riche historiquement mais peu
avare en kilomètres je retrouve Marie et Thomas qui sont arrivés en
ville et ont pris leurs premières marques dans leur costume de
bénévoles. Ce sera ma dernière soirée vietnamienne. Le lendemain
je prendrai tôt un bus vers le Laos où très certainement de
nouvelles aventures m'attendent.
Superbe! Quel voyage. A voir et à revoir....
RépondreSupprimerBravo Liinel.
Géraldine Percerot
Une amie facebook de votre maman.