mardi 8 mai 2018

Le sacré et le profane


Passer de Bali à Tokyo, une transition pas des plus banales. Le Japon était une étape incontournable de mon voyage. Je me devais de retourner dans ce pays si particulier et captivant. Un pays très codé où l'individu passe après le groupe. Un archipel proposant une richesse d'ingéniosité et de créativité mais aussi de nombreux travers. C'est donc avec joie que me voilà de retour au pays à la culture singulière mais au lexique un brin familier: manga, karaoké, sumo, sushi, otaku, tori, yakusa, ramen, kimono, tatami, bento, miso, shinkansen, samouraï, kamikaze, mikado, onsen, ryokan, konbini, hara kiri, wasabi, kenji, geisha, ninja, haïku, origami, judo, tsunami, yakusa, sake...


Je suis donc de retour dans la capitale nippone, huit ans après l'avoir quitté. Je consacrerai la première semaine de mon mois japonais à la parcourir à nouveau. Ville très étendue et très dynamique, elle s'organise autour de multiples quartiers qui révèlent autant de facettes différentes. Les très animés Shibuya et Shinjuku où la vie grouille de jour comme de nuit; Akihabara, le paradis du jeux vidéo et de l’électronique ; Asakusa et son temple sacré ; Ueno, son parc, son zoo, son lac et ses nénuphars ; Ginza et Harajuku et leurs boutiques chics ; Yanaka, son cimetière et ses temples cachés au cœur d'un dédale de petites rues, Chiyoda et son palais impérial ; Roppongi et ses boites de nuits ; Shimo kitazawa et son ambiance décontracté... Bref, tout pour pouvoir changer d'ambiance à chaque sortie de bouche de métro.






Cette semaine c'est la golden week au Japon. Quatre jours fériés repartis sur six jours. L'ambiance en ville doit être plus détendue qu'à l'accoutumé. C'est ce que je constate en parcourant les allées peuplées du parc Gyoen. Après cette première après midi de mise en jambes, je rejoints Benjamin pour la soirée. Nous étions au lycée ensemble et cela fait maintenant treize ans qu'il s'est installé ici. A côté de son quotidien professionel, il s'exerce plutôt bien à la musique avec son groupe DieByForty. Avoir la chance de pouvoir découvrir la ville via le regard expert d'un local est quelque chose de plus qu'appréciable. Là où le touriste doit se contenter d'une ville horizontale, j'ai la chance de pouvoir découvrir un Tokyo vertical que ce soit au travers d'un restaurant de yakitoris au troisième étage d'un building ou d'un bar d'amateurs de baseball dans un sous-sol. La ville regorge ainsi de lieux de vie cachés que malheureusement la méconnaissance de la langue japonaise nous empêche de pouvoir découvrir.




Durant mes premiers jours je redécouvrirai avec plaisirs certains endroit si particulier. Bien sur Shibuya et son célèbre passage piétons mais aussi le temple meiji-jingu perdu dans la forêt de Yoyogi. Une ambiance mystique qui tranche avec l’effervescence autour du senso-ji l'autre temple sacré de Tokyo. Ici la foule se presse en masse pour venir se recueillir et se prendre en photo en kimono dans ce décor de carte postale. Je m'éclipse de la foule et regagne deux rues plus loin les bords de la Sumida, la rivière qui traverse la ville. De là je profite de la vue sur la Skytree tower, tour de radiodiffusion qui culmine à 634 mètres de haut (deux fois la Tour Eiffel). 











Tokyo est une ville agitée, Mais il est aisé de retrouver le calme d'une temple shinto ou bouddhiste à la faveur de petites ruelles. Yanaka, un vieux quartier traditionnel, en l'illustration parfaite, on va d'un édifice religieux à l'autre en passant au travers de la quiétude de cimetières arborés et de vieilles battisses aux airs d'antan. La rue commerçante du cœur du quartier est gentiment agitée et les différentes tentations culinaires attisent les papilles. Mais à deux pas de là on passe facilement du sacré au profane. Du yin au yang. Akihabara, le temple du jeux vidéo est un vacarme sonore permanent entre ces salles de jeux d'acades, les salons de pachinko (croisement entre le flipper et la machine à sou) et les machines à pince où les japonais font des efforts d'habileté pour décrocher d'immense peluches. Akihabara c'est la régression assurée, la nostalgie qui fait surface à mesure qu'on découvre les trésors qui se cachent dans les étages de ses buildings colorés entres ces figurines de mangas et d'animes où toutes ces vieilles consoles de jeux sauvées de la poussière. Cette ambiance de fête foraine urbaine se retrouve vers le Tokyo Dome. Juste à coté on observe, au dessus de nos têtes un rollercoaster se frayer un chemin entre les immeubles. Je ne sais pas ce qui me surprend le plus, entendre les lointains cris des passagers de ce véhicule filant à vive allure sur ces montagnes russes ou observer l'interminable file d'attente de cinq ou six heures se formant autour de la salle de spectacle pour je ne sais trop quel événement.









Plutôt que de retourner à Ginza ou Tsukiji (et son marché aux poissons), je mets cap à l'est pour découvrir un nouveau quartier, Shimo Kitazawa. Dans les rues autour de la gare aérienne, on découvre encore une autre ambiance, décontracté celle-ci. Ni bohème, ni hipster, juste cool. Peu de voiture dans ces petites ruelles où les japonais font la queue devant certaines boutiques prisés. On trouve beaucoup de fringues mais aussi des fleurs, des produits artisanaux, des cafés pour se détendre. Après le tumulte de certains quartiers et le côté cérémonial d'autres ça fait plaisir de découvrir encore une autre atmosphère loin du sacré et du profane.


Mais au delà de ces visites diurnes, Benjamin et ses amis sauront me faire connaître un peu mieux les gens qui animent cette ville lors de sympathiques virées nocturnes entre resto branché, izakaya ou autre bar secret. Le dimanche, dernier jour de ma semaine tokyoïte, nous prenons pas moins de trois trains pour rejoindre un parc perdu dans le sud de la ville. Nous partons pour un grand barbecue collectif. Malgré la barrière de la langue (l'anglais est rare), les échanges sont cool. Une bière à la main, on essaie de communiquer autour de la fumée en attendant que la viande cuise. Culinairement c'est très bon mais je ne pourrais pas en dire autant de la gelé de Téquila qui m'a été proposé. Et oui ça peut être aussi ça le Japon. 





Après une dernière soirée houblonnée, il est temps pour moi de mettre le cap vers l'autre grande ville du pays, Kyoto. Là aussi il s'agira de retrouvailles.

article suivant: Nostalgie nippone
article précédent: D'île en île

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire