Bali, joyau de l'archipel
indonésien, s'offre à moi via le hublot de l'avion. Après m'être
posé à l'aéroport de Denpassar, je découvre la forte agitation
locale dans la moiteur de ce début de soirée. L’Indonésie c'est
prés de deux cent soixante cinq millions d'habitants. C'est la
quatrième population de la planète derrière les milliardaires
asiatiques que sont l'Inde et la Chine et juste après les États
Unis. L’Indonésie c'est donc quatre fois la population française
ou encore la moitié de l'Europe. Ça fait du monde. A Bali on
ressent cette densité. Trois millions de locaux et autant de
touristes sur l'année ça se remarque sur une île pas si grande que
ça. Les distances sont courtes et les routes très correctes mais
cette densité de population rend chaque trajet interminable.
C'est une des raisons qui
m'a poussé à choisir mon premier camp de base proche de l'aéroport.
Kuta, au nord, est le spot touristique. Ambiance bar et surf. Mais
dur de commencer par là. J'opte donc pour Djimbaran au sud. Une très
belle plage que je trouve pourtant déserte le lendemain vers 10h. Il
est vrai que l'endroit est balayé par de forts rouleaux et quand on
s'approche un peu on découvre une eau pas forcément très propre.
Exit la baignade. Je longe la
plage vers le nord et arrive sur une zone de marché. Ça sent fort
le poisson. C'est ici qu'on approvisionne la multitude de restaurants
qui longent la plage et ancrent leurs tables dans le sable. C'est
effectivement le soir, pour le coucher de soleil que les lieux sont
très agréables. Si le matin j'étais seul, maintenant les bus
déversent des dizaines et des dizaines de touristes sur le sable
encore chaud. Pendant que toute le monde se selfise
au bord de l'eau, je goûte, attablé, ma première Bintang (la
bière locale) tout en profitant
du spectacle pointant à l'horizon. Plus au sud de l'île, c'est le
temple d'Uluwatu qui fait office d'aimant touristique. Petit temple
posé sur une corniche. On a une belle vue sur les falaises. Le
temple, en lui-même, n'a rien d'extraordinaire mais la multitude de
singes qui se promènent autour des pierres rend l'endroit plus
folklorique. De temps à autre, on entend des petits cris aiguës de
touristes qui se font dérober bouteille ou casquette par les
chimpanzés.
A
trente bornes de là, mais une bonne heure et demie de voiture, me
voilà à Ubud, au cœur de l'île. Ubud est la capitale culturelle.
L'endroit idéal pour rayonner sur les environs. L'occasion de
pouvoir commencer à s'imprégner de ce qu'est réellement Bali. Si
l'Indonésie est majoritairement de confession musulmane, Bali quant
à elle est tournée vers l'hindouisme. Mais un hindouisme bien
particulier mêlant également culte des ancêtres et rites
bouddhistes. Le sacré a ainsi une place de choix dans la vie
quotidienne. Il y a des temples partout (plus de cinq
milles sur l'île), les balinais
place des petits plateaux d'offrandes aux dieux (fleurs,
encens, monnaie...) chaque matin
devant leurs maisons et commerces. On se promène ainsi constamment
autour des statues de Brahma, Vishnou et Shiva ; et on croise
régulièrement des cérémonies de bénédictions. Bref, on comprend
rapidement pourquoi Bali est surnommée l'île aux Dieux. Le respect
des rituels est primordial. A l'entrée de chaque temple, les
touristes sont priés de revêtir des sarongs
pour se couvrir les jambes.
Je
consacrerai deux journées (via des tours organisés)
pour faire le tour des plus emblématiques édifices. Une
belle ballade culturelle qui offre de beaux paysages entre les
rizières, la forêt tropicale, les lacs et le massif volcanique
central. Même si les temples se ressemblent forcement dans leurs
structures, ils offrent tous des environnements et des dispositions
différentes ce qui procure à chacun une identité assez unique.
Tantôt en bord de lac ou sur un piton rocheux planté dans la mer,
tantôt au pied de la montagne ou caché dans la dense végétation
et gardé par des singes. Pour ce dernier, les traits de lumières
qui transpercent le plafond de feuilles offrent un jeu de clair
obscur et on s'amuse à observer les silhouettes des primates
s'aventurer sur les pierres du temple recouvertes de mousse. Sans la
foule alentour, on pourrait se prendre pour Indiana Jones.
Pour le coucher du soleil, le premier jour, nous sommes à Tanah
Lot au bord de la mer. A la
tombée de la nuit, sous un ciel teinté de rose, on observe dans un
boucan de battements d'ailes, des milliers de chauve souris sortir de
leurs grottes. A Tirta Empul,
ce sont les balinais qu'on surprend en train de se baigner dans des
bassins d'eaux sacrées et réaliser d'étranges rituels. Le clou de
la visite sera Pura Besakih
ou le temple « mère », posé
au pied du mont Agung, le plus haut sommet de l'île. La foule s'y
presse en habits traditionnel, cheveux tressés, sarongs et
chemisiers colorés pour les femmes, chemises blanches et udeng
(sorte de turban) pour
les hommes. Au pied de l'imposante flopée de marches, on observe
les balinais, tels des fourmis, gravir les escaliers de pierre
chargés de leurs offrandes.
Je
passerai ma troisième journée à Ubud pour découvrir la ville et
sa jolie végétation urbaine. Ballade sur une crête le matin pour
se promener entre les rizières. Musée en début d'après midi pour
découvrir les jolies peintures balinaises. D'un tableau à l'autre
on retrouve un style commun : peinture surchargée et caractère
homérique. Le soir, c'est ce style que je retrouverai dans le
spectacle de danse théâtrale. Le temps d'une heure, une quarantaine
de figurants nous interprètent une pan de leur mythologie. Costumes
soignées, chorégraphie tribale et chants incantatoires au
programme. Dans la gestuelle, je retrouve quelques similitudes avec
les danses maoris (mains toujours en mouvement et yeux
exorbités). Une belle soirée
pour clôturer ce volet culturel.
Bali
à cette diversité culturelle à offrir et de riches paysages qui ne
gâchent rien. Je conçois aisément qu'on s'y presse, mais la
population touristique est, me semble-t-il, largement trop
importante. En conséquence, les habitants, comme toujours dans ce
cas là, s'adaptent et nous sollicitent constamment. C'est souvent le
cas depuis le début de mon voyage mais j'ai rarement souvenir d'un
tel harcèlement. C'est jamais agréable de se voir résumer à un
statut de portefeuille en tongs. Cela reste malgré tout dans le
domaine de l'acceptable. Ce qui l'est moins ce sont les arnaques qui
se montent pour profiter de ces vacanciers. Et Bali semble bien
placée dans le domaine. Je ne sais comment, mais lors d'un de mes
retraits à un distributeur, mes données de carte bleu ont été
piratées. L'avantage d'avoir une banque en ligne c'est d'avoir des
alertes sur le potable en temps réel. C'est comme ça, qu'au réveil,
j'ai découvert de nombreuses dépenses farfelues en dollar américain
sur mon relevé de compte. J'ai immédiatement bloqué ma carte et
contacté le support de la banque pour stopper l’hémorragie à
quelques centaines d'euros. J'espère ne pas trop avoir à galérer
pour récupérer les sommes. A suivre...
Je
vais finir mon séjour balinais sur la côte est à Amed, petit
village de pécheurs. Ici aussi les touristes affluent et donc ici
aussi les locaux s'adaptent. On vient à Amed pour faire de la
plongée (il y a deux épaves de bateaux). Je ne plonge pas,
je me contenterai donc de flâner au bord de la plage de graviers
gris et goûter l'eau de la mer de Bali. Je me serai bien aventurer
dans le village (enfin dans la longue route qui longe la plage)
pour découvrir la vie locale mais celle-ci ne me serait pas apparu
très authentique. J'aime beaucoup les balinais, ils sont très
gentils et serviables mais difficile d'établir avec eux autre chose
qu'une relation mercantile. Mon bungalow donne sur la plage, et comme
je suis matinal, j'ai pu observé de mon lit, au petit jour, vers les
5h, les pêcheurs mettre leur petites embarcations en bois à l'eau
et partir en quête de poissons. Comme quoi finalement les scènes de
vie locale peuvent venir quand même à nous...
En
milieu de matinée je prendrai moi aussi la mer. Pas dans un petit
bateau en bois mais dans un gros bateau à moteur, direction Lombok.
Le temps que le shuttle fasse le tour des guesthousses pour
rassembler les touristes, j'observe les balinais finir les
préparatifs de la courte traversée. On nettoie le pont, on charge
les premiers bagages et sur le toit j'observe un homme disposer les
habituelles offrandes, les bénir et réciter des prières.
Finalement, même en tendant inexorablement vers le business, Bali
reste avant tout l'île des Dieux.
Putain sur la 7 on croirait Guillaume !
RépondreSupprimerÇa va pas lui faire plaisir ;-)
SupprimerJe pensais que tu faisais allusion à une statue de Bouddha... mais non... salaud!