dimanche 1 avril 2018

United colors of Malaya

Trang, chef lieu de la province du même nom, est une petite ville thaïlandaise classique. Pas de grand charme ni de site majeur à offrir hormis un quotidien bien animé entre ses trottoirs encombrées et ses rues agitées par un flot de voitures et de scooters. Je suis descendu trop au sud, me voilà loin à présent de la zone Phuket – Krabi, véritable aimant à touristes. Je profite de la climatisation de ma chambre d'hôtel pour fuir la violence suffocante du macadam surchauffé. Plus les jours passent, plus je comprends toutes ces micro siestes improvisées par les locaux. Au frais, je peaufine la suite de mon parcours vers la Malaisie. Mais avant cela, je m'autoriserai une dernière étape thaïlandaise à Ko Sukorn. Il s'agit d'une île dont l'activité principale n'est pas le tourisme mais l'agriculture. Pour y accéder pas de minivan climatisée rempli de gringos, ce sera un tuktuk collectif avec les thaïs. Une heure de trajet vers l’embarcadère où toute la petite troupe se transvase dans une petite embarcation en bois pour franchir les deux kilomètres qui nous séparent de l'île. Sur place je suis accueilli par Sam, le gérant de l'hôtel où j'ai réservé un bungalow. L'île n'est pas bien grande (de la même taille que Ko Tao et Ko Phayam) et il n'y a qu'une façon d'y arriver. Bref, facile pour lui de récupérer tous les matins ses éventuels réservataires booking du jour. Son hôtel (un des deux seuls de l'île) est de l'autre côté de Ko Sukorn, ça m'arrange bien donc qu'il soit venu me chercher. Sur la dizaine de bungalows je n'en recense que trois autres d'occupés. La grande plage qui borde l'établissement ne va pas être surpeuplé. Alors, certes le sable n'est pas blanc et le bleu de l'eau n'est pas turquoise, mais ce calme me plaît. Profiter de la tranquillité de la fin de journée, seul dans l'eau tiède, en regardant les mini crabes courir sur le sable c'est quand même quelque chose d'extraordinaire. Une fois le soleil couché, assis dans le restaurant-terrasse de l'hôtel, en écoutant l'apaisant léger roulement des vagues et en sirotant une bière bien fraîche, je pourrais croire avoir découvert un paradis caché mais une armée de moustiques va rapidement venir me rappeler le côté sauvage des lieux. Le lendemain matin avant que le soleil ne fasse la loi, je me lance dans une visite de l'île à vélo. Le nord est vallonné, c'est là qu'on retrouve la petite zone hôtelière à l'est, tandis que le gros des habitations se retrouve à l'ouest dans une sorte de noyau villageois prés de l’embarcadère, on y retrouve l'école et la mosquée. Le sud du territoire est plat, c'est là que se situe la partie agricole entre rizières, bananiers, cocotiers et forets d’hévéas (les arbres à caoutchoucs). De longues tiges de bois coiffées d'un feuillage touffu qui offrent de belles zones d'ombres aérées. Tous les troncs sont ornés d'une petit gobelet qui sert à récolter le latex, la sève des arbres. En me penchant sur le procédé je suis interrompu par un serpent qui autant surpris que moi s'enfuit dans les hautes herbes. La Thaïlande est le pays du serpent, c'est vu. Durant ma petite ballade à vélo, je reçois un sympathique accueil des habitants. Les touristes ne doivent pas trop gêner leur quotidien. Au sud de l'île j'observe quelques embarcations au large. Ce qui me permet de dire que les habitants ont également ajouté la pêche à leurs activités.





C'est sur ces images que je referme mon album de souvenirs thailandais. Je peux maintenant me diriger vers la Malaisie. Il me faut retourner à Trang. On est lundi matin et le bateau au départ de l'île est plein. Au débarcadère, tout ce petit monde s'entasse dans le tuktuk. Si à l'aller j'avais trouvé ça serré, pour le retour je n'ai pas de mot. Finalement une heure plus tard, de retour à Trang, je ne m'éternise pas et prends le premier bus à direction de Hat Yai, la dernière grande ville du sud. Le secteur est déconseillé par les autorités françaises. En effet, ce territoire musulman frontalier avec la Malaisie a connu de sérieux troubles ces derniers temps. De nombreux attentats ont ravagé la zone entre 2004 et 2012... de toute façon je ne compte pas m'éterniser ici non plus. Juste le temps de manger un plat dans un boui-boui et me voilà reparti dans un minibus à direction de Penang, en Malaisie. Le passage de frontière sera une formalité. Ce qui au vu de mes dernières expériences ne sera pas pour me déplaire.

On ne va pas se mentir, la Malaisie n'était pas la première destination que j'ai inscrite sur ma liste. Mais se trouvant sur ma route entre la Thaïlande et Singapour, elle s'est naturellement rajoutée. Je vais délaisser un temps les plages et comme le cœur du pays et sa jungle ne m'attirent pas trop (les treks caniculaires et les attaques de sangsues ne font effectivement pas partie de mes envies) on va se limiter à une descente culturelle du pays en traversant ses anciennes villes coloniales tout en passant par sa capitale, Kuala Lumpur.

Premier arrêt donc à Georgetown, ancienne ville coloniale anglaise, sur l’île de Penang. La vieille ville, posée loin des gratte ciels modernes, me plaît bien. Des rues où se succèdent de nombreuses maisons à arcades, héritage architectural anglais. Des tonalités pastels patinées. Des murs recouvert de street art. Grosse communautés et influences chinoises et indiennes. Des temples bouddhistes, des mosquées. Bref, un beau fouillis. On passe ainsi naturellement de Chinatown à Little India avec toute la panoplie de propositions culinaires que cela implique. La partie indienne est très chargée, presque dans la caricature : boutique de vêtements très colorés, musique diffusée dans la rue, affichage à la bollywood sur les murs, boutiques de bijoux...









A trois heures de là, ma deuxième ville étape sera Ipoh, un peu en dehors des itinéraires touristiques classiques. Pourtant, la ville n'a rien à envier à l'univers de Georgetown. Je retrouve les mêmes composantes. Des édifices administratifs de type colonial très imposants, les maisons colorées à arcade, un quartier chinois et un quartier indien. Les mêmes types d'œuvres de street art recouvrent les murs. Il y en a même peut être plus. Je reconnais d'ailleurs la patte de certains des artistes observés à Penang. J'avais surtout choisi de m’arrêter à Ipoh pour faire un saut à Kuala Kangsar, la capitale de l'état royal du Perak. La ville abrite une des plus belle mosquée du pays et ce sera l'occasion de jeter un œil à la demeure royale du sultan d'Etat et je pourrais même visiter la galerie d'art et le musée. Le truc c'est que tout cela est fermé de 12h à 15h. C'est ce que m'a dit le garde à 12h05 quand je me suis pointé à la grille. Je me contenterai donc des superbes vues extérieures de la mosquée et du bâtiment abritant la galerie d'art. Je me dirige ensuite vers le musée, histoire de pas tout rater. Le musée ? A ben en fait il est fermé pour travaux... Bon, un tour devant les grilles de la demeure du sultan et on se rentre.













Avant de rejoindre Kuala Lumpur je décide de quand même faire un stop « nature » dans cette virée malaisienne. Je choisis donc de me rendre dans les Cameron Highlands, dans les vertes montagnes de Malaisie. Sans surprise (j'avais lu ça sur des blogs) je débarque dans une ville relativement moche et remplie de touristes. Il reste tout de même le dépaysement de la cuisine locale. J'avoue toutefois avoir du mal à voir les indiens manger à l'assiette directement avec les mains, sans couverts. Le lendemain je me suis inscrit à un tour pour aller découvrir les charmes des environs. En 4x4, Bala, notre guide, nous trimballe, mes six compagnons du jour et moi-même, sur des petites routes bien encombrées. Nous sommes le week end, les malais et leurs voitures sont également de sortie. Nous voilà en plein bouchons au milieu des plantations de thé, peu banal. Le thé c'est en effet ce qui fait la beauté de la région, des vastes étendues de théiers (buissons dont la feuille servira à produire la fameuse boisson) à perte de vue. Une mer végétale qui rebondit sur les collines. Au milieu de la plantation, Bala nous décrit tout le processus. Il nous indique aussi qu'en raison du faible salaire, le travail de la coupe des feuilles est fait par des étrangers (pakistanais, indiens, sri-lankais...) qui logent dans des baraquements rudimentaires jouxtant le domaine. Nous visitons la vieille chaîne de production (les machines ont prêt d'un siècle) puis nous filons plus haut vers la Mossy Forest. A deux milles mètres d'altitude, le plafond nuageux bas offre les éléments parfaits à l'éclosion d'une flore « humide et mousseuse » assez atypique. Bala nous passe en revue les qualité médicinale des plantes :

- Celle-là c'est pour arrêter les saignements. Ici ce sont des baies contre la constipation. Ça c'est une feuille qui repousse les moustiques. 
- Et ça c'est contre quoi ?
- A non ça c'est juste une plante carnivore qui bouffe le insectes.
- Ah ok. 








Nous rentrons sur Tanah Rata, la ville dortoir de la zone, juste avant l'averse de l'après midi. C'est saison des pluies en Malaisie. J'ai capté le rythme : grosse chaleur en journée et pluie en fin d'après-midi. Demain on attaque le gros morceau : Kuala Lumpur. On fera ensuite un saut à Malacca avant de filer à Singapour. 


article suivant: Carrefour du monde
article précédent: Les pieds dans le sable

2 commentaires:

  1. Plaisir de cheminer dans le sillage de tes mots...
    J'adore ce mur avec le trompe l'oeil des enfants à vélo !!!
    Greg

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le trompe l’œil c'est la thématique de la majorité des graffs. Les artistes mettent en scène des "vrais" éléments de décors: une chaise posée devant une fresque représentant un groupe attablé invitant le visiteur à s'asseoir avec eux, des enfants sur une balançoire et justement une balançoire à côté pour jouer avec eux...
      J'ai fait des recherches sur les signataires des graffs, ce qui m'a conduit en Iran, aux USA...

      Supprimer